Face à Pékin, Washington avance ses pions en Asie du Sud-Est
Les États-Unis poursuivent les efforts de consolidation de leur engagement en Asie du Sud-Est dans le but de contenir la menace chinoise et, par procuration, celle de la Corée du Nord. Ainsi, la Corée du Sud a indiqué jeudi avoir organisé des manœuvres aériennes conjointes avec les États-Unis. Par ailleurs, Washington et Manille ont dévoilé un accord permettant aux soldats américains d'accéder à quatre bases supplémentaires aux Philippines. 

La Corée du Sud a indiqué jeudi avoir organisé des manœuvres aériennes conjointes avec les Etats-Unis, notamment avec des bombardiers stratégiques et des avions de chasse furtifs, provoquant la colère de son voisin du Nord.

Cette démonstration de force intervient après que le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, et son homologue sud-coréen ont annoncé une coopération accrue en matière de sécurité face à Pyongyang.

Les avions ont survolé la mer Jaune, située entre la péninsule coréenne et la Chine, lors des premiers exercices de ce genre organisés cette année.

Les manœuvres ont impliqué des bombardiers lourds de longue portée B-1B, des avions de chasse furtifs F-22 de l'armée de l'air américaine et des avions de combat F-35 de l'armée sud-coréenne, selon le ministère sud-coréen de la Défense.

Ces exercices aériens conduits mercredi ont démontré "la volonté et la capacité des Etats-Unis à assurer une dissuasion étendue, forte et crédible contre les menaces (...) de la Corée du Nord" liées à l'arme nucléaire et à ses missiles, a déclaré la même source.

Un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères a réagi en précisant que les États-Unis pourraient "déclencher une confrontation totale" avec Pyongyang, selon l'agence de presse nationale KCNA.

Les mesures prises par Séoul et Washington pour intensifier leurs exercices conjoints ont franchi "une ligne rouge extrême", a-t-il ajouté.

Séoul souhaite convaincre son opinion publique, de plus en plus inquiète, de la solidité de l'engagement de Washington à ses côtés en matière de défense, après une année au cours de laquelle Pyongyang a déclaré "irréversible" son statut de puissance nucléaire et a procédé à un nombre record d'essais d'armements au mépris des sanctions internationales.

Des militants pacifistes sud-coréens ont manifesté contre la visite de Lloyd Austin devant le ministère de la Défense à Séoul.
Nouvelles bases aux Philippines

Par ailleurs, les Etats-Unis et les Philippines ont dévoilé jeudi un accord permettant aux soldats américains d'accéder à quatre bases supplémentaires de ce pays d'Asie du Sud-Est qui cherche, comme son allié de longue date, à contrer la montée en puissance militaire de la Chine.


Washington et Manille sont convenus de l'extension d'un accord existant pour inclure quatre nouveaux sites "dans des régions stratégiques du pays", à l'occasion d'une visite aux Philippines du secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.

"Les Philippines et les Etats-Unis sont fiers d'annoncer leurs plans pour accélérer la mise en oeuvre complète de l'Accord de coopération renforcée en matière de défense (EDCA) avec la décision de désigner quatre nouveaux sites convenus dans des régions stratégiques du pays", ont fait savoir des responsables américains et philippins dans une déclaration commune.

Les deux pays sont alliés depuis plusieurs décennies en matière de sécurité, notamment par un traité de défense et un pacte de 2014, connu sous l'acronyme d'EDCA, qui permet aux soldats américains d'accéder à cinq bases philippines mais aussi d'y stocker des équipements et matériels militaires.

Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin lors de sa visite d'un camp militaire philippin près de Manille.

Avec cette nouvelle annonce, les Etats-Unis auront accès à au moins neuf bases militaires des Philippines.

Les Etats-Unis cherchent à resserrer leurs liens avec Manille, distendus ces dernières années. L'ex-président philippin Rodrigo Duterte avait préféré se tourner vers la Chine au détriment de Washington, ancien colonisateur des Philippines, mais le nouveau gouvernement de Ferdinand Marcos Jr a souhaité inverser cela.

La réaffirmation des revendications de Pékin à l'égard de Taïwan et la construction de bases chinoises en mer de Chine méridionale ont poussé Washington et Manille à renforcer leur partenariat.

Compte tenu de la proximité de Taïwan, la coopération des Philippines constituerait un élément clé dans l'éventualité d'un conflit avec Pékin. Un général quatre étoiles de l'US Air Force a récemment pronostiqué qu'un tel affrontement pourrait se produire dès 2025.

Washington cherche à consolider ses alliances avec d'autres Etats pour contrer les avancées militaires rapides de la Chine, notamment par le biais de son alliance "AUKUS" avec l'Australie et le Royaume-Uni.

Côté philippins également, des manifestations antiaméricaines ont eu lieu.

Avec AFP
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