La France est plongée dans une journée de grève massive, qui paralyse le pays : transports perturbés, production d'électricité en berne et écoles fermées sont au menu jeudi, alors que les manifestants ont battu le pavé dans plusieurs villes françaises. Les premiers chiffres attestent d'une impressionnante mobilisation, qui témoigne de l'hostilité générale de l'opinion et l'unité des syndicats vis-à-vis d'une réforme qui ferait passer l'âge de la retraite de 62 à 64 ans.
La Place de la République ce matin du 19 janvier.
Des manifestants en nombre à travers la France, une production électrique en berne, des transports très perturbés sur le réseau ferroviaire et à Paris, des écoles fermées: la France est plongée jeudi dans une journée de grève massive contre une réforme des retraites décriée, un test politique pour le président Emmanuel Macron dans un contexte économique et social tendu.
Le projet et sa mesure phare, le report de l'âge de départ à 64 ans, contre 62 aujourd'hui, se heurte à un front syndical uni et une large hostilité dans l'opinion d'après les sondages.
"On est à genoux", lâche Florence Trintignac, 54 ans, cadre de santé rencontrée parmi des milliers de manifestants à Clermont-Ferrand, dans le centre de la France. Pour elle, "cette réforme, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase".
En tête du défilé, les responsables des principaux syndicats français.
Les manifestants ont battu le pavé jeudi matin dans plusieurs villes françaises, avant que le cortège parisien ne s'ébranle vers 13H00 GMT pour dire "non" au recul de l'âge légal de départ à la retraite.
Les premiers chiffres remontés par les autorités attestent d'une importante mobilisation: au moins 30.000 personnes ont défilé à Toulouse (sud-ouest), 26.000 à Marseille (sud-est), 15.000 à Montpellier (sud-est), 14.000 à Tours (centre), 13.600 à Pau (sud-ouest), 12.000 à Perpignan (sud) et Orléans (centre)...
La mobilisation "est au-delà de ce qu'on pensait", s'est félicité le numéro un du syndicat CFDT, Laurent Berger, au début de la manifestation parisienne.
La réforme des retraites "canalise tous les mécontentements" en France, a estimé sur la chaîne Public Sénat le secrétaire général du syndicat CGT Philippe Martinez.
Florilège de slogans...
Un rejet de cette réforme exprimé avec véhémence par Manon Marc, animatrice scolaire interrogée à Paris: "Je trouve qu'on se fout de notre gueule. Ils ne savent pas ce que c'est que de travailler jusqu'à 64 ans dans ces conditions-là".
Anticipant un "jeudi de galère", le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, avait appelé à différer les déplacements ou à télétravailler, une pratique qui s'est largement répandue en France depuis le confinement pour endiguer le Covid en 2020.
Les agents de l'entreprise publique d'électricité EDF ont procédé à des baisses de production d'électricité, atteignant au moins l'équivalent de deux fois la consommation de Paris.
Du côté des raffineries, la CGT TotalEnergies comptait entre 70 et 100% de grévistes, sur la plupart des sites du groupe.
La grève était très suivie dans les transports avec quasiment aucun train régional, peu de trains grande vitesse (TGV), un métro tournant au ralenti à Paris et une grande banlieue très peu desservie.
L'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d'annuler jeudi un vol sur cinq à l'aéroport de Paris-Orly, en raison d'une grève de contrôleurs aériens.
De nombreux services publics font l'objet d'appels à la grève, en particulier l'éducation, où le principal syndicat, la FSU, dénombre 70% d'enseignants grévistes dans les écoles et 65% dans les collèges et lycées.
Emmanuel Macron, dont la réforme des retraites est un chantier crucial du second quinquennat, pour lequel il s'était engagé dès la campagne de son premier mandat, joue gros: son parti, qui ne dispose pas d'une majorité à l'Assemblée nationale, pourrait être fragilisé si le mouvement était profond et durable.
Ce test politique pour le président - qui reste en dehors de la mêlée et envoie la Première ministre Elisabeth Borne en première ligne - intervient dans un contexte économique et social tendu.
Les Français subissent les effets d'une forte inflation, à 5,2% en moyenne en 2022, dans un pays qui a été secoué lors du premier mandat d'Emmanuel Macron par les manifestations des "Gilets jaunes" contre la vie chère.
Pour le leader de Force ouvrière, Frédéric Souillot "on est partis pour un conflit dur" et "il faut bloquer l'économie".
Bien que leurs modes d'action divergent, les huit principaux syndicats présentent un front uni inédit depuis 12 ans.
La gauche et l'extrême droite sont également opposées à la réforme. Seule l'opposition de droite classique paraît ouverte au compromis.
La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite soient complètement comparables. C'est 65 ans en Allemagne, Belgique ou Espagne, 67 ans au Danemark selon le Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale, un organisme public français.
Le gouvernement a fait le choix d'allonger la durée de travail, pour répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. Il défend son projet en le présentant comme "porteur de progrès social" notamment en revalorisant les petites retraites.
Avec AFP
La Place de la République ce matin du 19 janvier.
Des manifestants en nombre à travers la France, une production électrique en berne, des transports très perturbés sur le réseau ferroviaire et à Paris, des écoles fermées: la France est plongée jeudi dans une journée de grève massive contre une réforme des retraites décriée, un test politique pour le président Emmanuel Macron dans un contexte économique et social tendu.
Le projet et sa mesure phare, le report de l'âge de départ à 64 ans, contre 62 aujourd'hui, se heurte à un front syndical uni et une large hostilité dans l'opinion d'après les sondages.
"On est à genoux", lâche Florence Trintignac, 54 ans, cadre de santé rencontrée parmi des milliers de manifestants à Clermont-Ferrand, dans le centre de la France. Pour elle, "cette réforme, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase".
En tête du défilé, les responsables des principaux syndicats français.
Une impressionnante mobilisation
Les manifestants ont battu le pavé jeudi matin dans plusieurs villes françaises, avant que le cortège parisien ne s'ébranle vers 13H00 GMT pour dire "non" au recul de l'âge légal de départ à la retraite.
Les premiers chiffres remontés par les autorités attestent d'une importante mobilisation: au moins 30.000 personnes ont défilé à Toulouse (sud-ouest), 26.000 à Marseille (sud-est), 15.000 à Montpellier (sud-est), 14.000 à Tours (centre), 13.600 à Pau (sud-ouest), 12.000 à Perpignan (sud) et Orléans (centre)...
La mobilisation "est au-delà de ce qu'on pensait", s'est félicité le numéro un du syndicat CFDT, Laurent Berger, au début de la manifestation parisienne.
La réforme des retraites "canalise tous les mécontentements" en France, a estimé sur la chaîne Public Sénat le secrétaire général du syndicat CGT Philippe Martinez.
Florilège de slogans...
Un rejet de cette réforme exprimé avec véhémence par Manon Marc, animatrice scolaire interrogée à Paris: "Je trouve qu'on se fout de notre gueule. Ils ne savent pas ce que c'est que de travailler jusqu'à 64 ans dans ces conditions-là".
Anticipant un "jeudi de galère", le ministre délégué aux Transports, Clément Beaune, avait appelé à différer les déplacements ou à télétravailler, une pratique qui s'est largement répandue en France depuis le confinement pour endiguer le Covid en 2020.
Un "conflit dur"
Les agents de l'entreprise publique d'électricité EDF ont procédé à des baisses de production d'électricité, atteignant au moins l'équivalent de deux fois la consommation de Paris.
Du côté des raffineries, la CGT TotalEnergies comptait entre 70 et 100% de grévistes, sur la plupart des sites du groupe.
La grève était très suivie dans les transports avec quasiment aucun train régional, peu de trains grande vitesse (TGV), un métro tournant au ralenti à Paris et une grande banlieue très peu desservie.
L'aviation civile a demandé aux compagnies aériennes d'annuler jeudi un vol sur cinq à l'aéroport de Paris-Orly, en raison d'une grève de contrôleurs aériens.
De nombreux services publics font l'objet d'appels à la grève, en particulier l'éducation, où le principal syndicat, la FSU, dénombre 70% d'enseignants grévistes dans les écoles et 65% dans les collèges et lycées.
Emmanuel Macron, dont la réforme des retraites est un chantier crucial du second quinquennat, pour lequel il s'était engagé dès la campagne de son premier mandat, joue gros: son parti, qui ne dispose pas d'une majorité à l'Assemblée nationale, pourrait être fragilisé si le mouvement était profond et durable.
Ce test politique pour le président - qui reste en dehors de la mêlée et envoie la Première ministre Elisabeth Borne en première ligne - intervient dans un contexte économique et social tendu.
Les Français subissent les effets d'une forte inflation, à 5,2% en moyenne en 2022, dans un pays qui a été secoué lors du premier mandat d'Emmanuel Macron par les manifestations des "Gilets jaunes" contre la vie chère.
Pour le leader de Force ouvrière, Frédéric Souillot "on est partis pour un conflit dur" et "il faut bloquer l'économie".
Un front uni des syndicats
Bien que leurs modes d'action divergent, les huit principaux syndicats présentent un front uni inédit depuis 12 ans.
La gauche et l'extrême droite sont également opposées à la réforme. Seule l'opposition de droite classique paraît ouverte au compromis.
La France est l'un des pays européens où l'âge légal de départ à la retraite est le plus bas, sans que les systèmes de retraite soient complètement comparables. C'est 65 ans en Allemagne, Belgique ou Espagne, 67 ans au Danemark selon le Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale, un organisme public français.
Le gouvernement a fait le choix d'allonger la durée de travail, pour répondre à la dégradation financière des caisses de retraite et au vieillissement de la population. Il défend son projet en le présentant comme "porteur de progrès social" notamment en revalorisant les petites retraites.
Avec AFP
Lire aussi
Commentaires