Dollar: Le Liban victime des sanctions contre la Syrie   
Il est clair que tous les pays sous influence partielle ou entière de l’Iran voient leur économie s’effondrer. Le Liban ne fait pas exception: il fait apparemment les frais d’un resserrement des sanctions américaines et européennes imposées à l’Iran, la Russie et la Syrie. La Russie et l’Iran ayant de plus en plus de difficultés à apporter une aide financière à la Syrie, notamment en devises étrangères, cette dernière, assoiffée de billets verts, s’est tournée davantage vers le marché libanais pour pomper les dollars disponibles.

Ce schéma donne une réponse aux mille et une questions que se sont posées les Libanais au sujet des causes de la dernière flambée du taux de change du dollar face à la livre. Cette flambée du dollar, enregistrée depuis une semaine, a atteint des pics historiques pendant les jours fériés de Noël, en dépit du fait que le chômage de cette année s'est étalé sur un long week-end au cours duquel il n'était pas possible d’ouvrir des lignes de crédit à l’exportation, compte tenu de la fermeture des banques locales et de leurs correspondants à l’étranger. Il suffisait de peu pour que le dollar franchisse la barre psychologique des 50 000 livres libanaises sur le marché parallèle durant ce chômage de la fête de la Nativité et le week-end alors qu’en cette même période de l’année le New York Stock Exchange (NYSE) fait une pause.

Ce schéma explique aussi la forte présence de «changeurs ambulants» le long de la route internationale de Damas, en particulier à partir de la localité de Chtaura et jusqu’à la frontière libano-syrienne de Masnaa.

Face à cette situation, la valeur de la livre a poursuivi sa chute mardi matin, et de ce fait, la Banque du Liban est intervenue sur le marché sur base des articles 75 et 83 du Code de la monnaie et du crédit, se portant «vendeur» du billet vert en espèces sans plafond, en contrepartie de livres libanises en cash, après avoir revu à la hausse le taux de change de Sayrafa, le fixant à 38 000 LL contre 30 800 LL vendredi dernier. Dans le même temps, elle a invité les banques à prolonger leurs horaires de travail jusqu’à 17h pour satisfaire toutes les demandes de la clientèle. Ses instructions sont valables jusqu’au 31/12/2022 et sont entrées en vigueur dès leur publication.

À l'évidence, cette annonce a eu pour effet une réhabilitation de la valeur de la livre face au dollar, le monnaie nationale s’échangeant, peu après l'intervention de la BDL, autour de 43 000 LL pour un dollar sur le marché parallèle après un effet yoyo.

Pour rappel, le gouverneur de la BDL Riad Salamé avait déclaré dans un entretien à la chaîne Al Hurra, il y a moins d’un mois, que la Banque centrale est prête à injecter un milliard de dollars pour ramasser les livres libanaises sur le marché.


Une violente hausse des prix

L’intervention de la BDL au niveau du réajustement, à la hausse, du taux de change de Sayrafa a rapidement entrainé une violente hausse des prix des produits et services indexés sur le taux de Sayrafa. Le secteur de la téléphonie mobile, à titre d’exemple, a instantanément fait les frais, les cartes de chargement prépayées du cellulaire étant mardi dans l’après-midi introuvables dans les magasins.

Dans ce contexte, plusieurs économistes contactés par Ici Beyrouth se sont interrogés sur le fait de savoir s’il n’est pas plus avantageux pour les personnes à revenu limité que le taux de Sayrafa soit maintenu à 30 800 LL avec un dollar du marché noir sans plafond, plutôt que le contraire, en l'occurrence un taux de Sayrafa à 38 000 LL avec un taux de change du dollar plafonné.

Pour le professeur Jassem Ajjaka, la mesure adoptée mardi par la BDL pourrait avoir des répercussions positives à long terme si elle est associée à deux autres décisions: une décision du ministère des Finances contraignant les agents économiques à s’acquitter des droits de douanes et de la TVA en livres libanaises; et une autre décision émanant du ministère de l’Intérieur et des Municipalités de contrôler au peigne fin les frontières terrestres du pays.

En deux mots comme en mille, la gestion de la crise est en train de coûter à la population aussi cher que la crise elle-même. Il est temps que les dirigeants se réveillent, donc, de leur torpeur. Le pays agonise. À bon entendeur salut.
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