Pressé par les oppositions de mettre fin au suspens sur sa candidature, Emmanuel Macron se livre mercredi à un grand entretien télévisé, au grand dam de la candidate LR Valérie Pécresse qui a saisi le CSA.
A quatre mois du premier tour de l'élection présidentielle, le chef de l'Etat, qui n'a pas encore officialisé sa candidature à sa réélection, sera interrogé par les journalistes Audrey Crespo-Mara de TF1 et Darius Rochebin de LCI.
Il "répondra aux questions que se posent les Français", s'exprimera "sur la manière dont il a vécu son quinquennat" et "sa vision de l'avenir", selon le groupe TF1.
L'événement politico-médiatique ne manque pas de relancer les spéculations sur une annonce formelle de la candidature de M. Macron à sa propre succession en avril.
La candidate du Rassemblement national Marine Le Pen l'a appelé à mettre fin sans attendre à un vrai-faux suspense. Car "les Français attendent de la franchise, de la transparence, il suffit de dire +je serai candidat à ma réélection+", a-t-elle déclaré sur RMC.
Manuel Bompard, porte-parole du chef de La France insoumise et candidat Jean-Luc Mélenchon, a également exhorté le chef de l'Etat à mettre fin à un "secret de Polichinelle".
Les oppositions de droite comme de gauche accusent déjà sans relâche Emmanuel Macron de faire campagne avec les deniers de l'Etat, des critiques déjà formulées à l'encontre des précédents présidents qui se sont représentés, comme Nicolas Sarkozy en 2012.
Elles le soupçonnent également de mettre à profit la présidence française de l'UE, à partir de janvier, pour doper sa candidature et sa campagne.
De son côté, le camp macroniste s'est déjà mis en ordre de bataille, avec notamment la création du mouvement Ensemble citoyens!, sorte de "maison commune" des partis de la majorité, LREM et MoDem notamment.
La montée de Valérie Pécresse dans les études d'opinion depuis son intronisation comme championne des Républicains pourrait pousser M. Macron à entrer formellement en lice sans tarder.
Le chef de l'Etat comme la candidate LR convoitent l'électorat de la droite modérée, libérale et pro-européenne, considéré comme stratégique.
Longtemps dominé par l'hypothèse d'un duel Macron/Le Pen, voire entre le président sortant et l'ex-polémiste d'extrême droite Eric Zemmour, un second tour Pécresse-Macron apparaît aujourd'hui très possible.
Le camp de la candidate LR n'a pas manqué de réagir vivement à l'annonce de l'entretien présidentiel sur TFI/LCI, alors qu'une émission était programmée avec elle sur BFMTV.
La chaîne a indiqué que l'émission était reportée "en raison de l'interview d'Emmanuel Macron".
Mme Pécresse a déclaré qu'elle saisissait le CSA car "on ne peut pas avoir un président candidat qui se fait ouvrir les chaînes de télévision à la demande et pendant des heures fait sa campagne, alors que ses adversaires doivent se contenter de cinq minutes de duplex pour lui répondre".
"C'est un acte de campagne. Le temps de parole relève du candidat, pas du président. Le CSA doit rétablir l'égalité du temps de parole et l'équité démocratique", a tweeté Eric Ciotti, finaliste du congrès LR pour l'investiture à la présidentielle.
"Jusqu'à nouvel ordre", a objecté Amélie de Montchalin, "on ne décompte pas le temps du président de la République" quand il "parle aux Français" ou se déplace "sur le terrain".
"Il y a des règles dans notre pays", a-t-elle argumenté, faisant valoir qu'"une autorité indépendante", le Conseil supérieur de l'audiovisuel, est "chargée de s'assurer de la bonne organisation du débat" politique.
"On sent que l'atmosphère électorale est en train de se réchauffer", a ironisé pour sa part Jean-Luc Mélenchon qui a lui-même demandé à débattre avec Mme Pécresse.
AFP
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