Paris double ses effectifs en Europe de l'Est
La France a annoncé sa décision de renforcer sa présence militaire sur le flanc Est de l'OTAN, avec un doublement de ses effectifs sur place et l'envoi d'une douzaine de véhicules blindés. Un effort supplémentaire qui devrait coûter entre 600 et 700 millions d'euros cette année, alors que la France se situe seulement en 11e position pour le soutien militaire à l'Ukraine avec 233 millions d’euros d’aide depuis début 2022.

Nation-cadre d'une mission de l'Otan en Roumanie, actuellement forte de 350 soldats français, mais aussi de Belges et de Néerlandais, Paris compte doubler ses effectifs sur place d'ici à novembre 2022. (AFP)

 

 

La France va renforcer sa présence militaire sur le flanc Est de l'Otan dans les prochaines semaines avec des troupes supplémentaires équipées de chars et de blindés, alors que la guerre en Ukraine a connu en début de semaine une nouvelle escalade.

"Au regard de la situation sur le flanc oriental de l’Otan, au regard de la violence des combats en Ukraine, dans cette guerre menée par la Fédération de Russie, le président de la République (Emmanuel Macron, ndr) a décidé de rehausser notre posture défensive sur le flanc Est de l’Europe", a fait valoir mardi le ministre français des Armées Sébastien Lecornu, lors d'une audition devant la commission Défense du Sénat.

Cette annonce intervient après deux journées de bombardements d'ampleur en Ukraine par l'armée russe "contre des civils et des infrastructures civiles", a accusé mardi le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en assurant que Vladimir Poutine avait encore les moyens d'une "escalade".

Nation-cadre d'une mission de l'Otan en Roumanie, actuellement forte de 350 soldats français, mais aussi de Belges et de Néerlandais, Paris compte déployer dans les prochaines semaines une douzaine de véhicules blindés d'infanterie (VBCI) et une douzaine de chars Leclerc dans ce pays, a annoncé mardi M. Lecornu.

Paris s'apprête ainsi à doubler courant novembre ses effectifs sur place, précise-t-on de source militaire. Et la France conserve la capacité à s'élever "au niveau brigade si, malheureusement, il le fallait", rappelait récemment le ministre.



 

Un soutien militaire jusque là modeste 


"Nous allons également continuer à renforcer notre posture de défense en Lituanie", avec le déploiement d'avions de combat Rafale pour assurer la police du ciel, "et en Estonie où une compagnie d'infanterie légère renforcée sera déployée" en 2023, équipée de véhicules Griffon, soit une centaine d'hommes supplémentaires en sus des 300 militaires déjà stationnés sur place, a ajouté le ministre des Armées.

Selon les estimations du ministère, l'effort budgétaire français pour renforcer la posture défensive de l'Otan dans les pays de l'Est devrait coûter entre 600 et 700 millions d'euros cette année.

En parallèle, Paris affiche plus ouvertement ses efforts pour aider Kiev à se défendre, même si sa marge de manœuvre reste limitée, alors que certains l'accusent de ne pas faire assez pour l'Ukraine.

Emmanuel Macron a annoncé vendredi la création d'un "fonds spécial" de 100 millions d'euros pour que l'Ukraine puisse acheter du matériel militaire auprès des industriels français. (AFP)

 

 

Dans ce contexte, Emmanuel Macron a annoncé vendredi la création d'un "fonds spécial" de 100 millions d'euros pour que l'Ukraine puisse "acheter directement auprès de nos industriels les matériels dont elle a le plus besoin pour soutenir son effort de guerre".

Le président français a confirmé dans la foulée que Paris envisageait l'envoi de six canons Caesar supplémentaires à l'Ukraine, outre les 18 déjà livrés. Ces canons de 155 mm, fleuron de l'artillerie française, ont une portée de 40 kilomètres.

Outre les 18 Caesar, la France a fourni jusqu'ici des missiles antichar et anti-aérien, des véhicules de l'avant blindés (VAB), du carburant, des équipements individuels et une quinzaine de canons tractés TRF1 de 155 mm.

Elle étudie également la possibilité de livrer à Kiev 20 véhicules blindés Bastion.

D'après le classement établi par le Kiel Institute for the World economy, la France est en 11e position pour le soutien militaire à l'Ukraine avec 233 millions d’euros d’aide depuis début 2022, contre 25 milliards pour les États-Unis, 4 milliards pour le Royaume-Uni, 1,8 milliard pour la Pologne et 1,13 milliard pour l’Allemagne.

Avec AFP
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