Rien, dans le projet de la « Gap Law » ne surprend de la part d’une autorité politique qui ne cherche qu’à se décharger de ses responsabilités. Tout ce que cherchent certains acteurs politiques en instrumentalisant cette loi, c’est de surfer sur un populisme, dont les prémices sont apparues dès 2019.
Le problème n’est ni financier, ni une tentative de chiffrage des pertes ou de détermination des responsabilités. Il s’agit tout simplement d’un populisme rampant depuis 2015 en particulier, visant à présenter toute personne disposant d’une fortune comme un voleur, et à qualifier quiconque soutient les banques, le libéralisme ou l’économie de marché de complice et d’ennemi des pauvres.
Partant de ce constat, il apparaît que cette vague a parfois été profitable, et certains acteurs influents ont choisi de s’y appuyer plutôt que d’en faire une lecture scientifique et juridique. Les pertes ont été causées par l’État, qui a emprunté sous la contrainte et les pressions de la Banque du Liban (BDL), laquelle à son tour s’est endettée auprès des banques en usant de son influence et de certaines incitations. Telle est l’équation : c’est l’État qui a provoqué cette perte, en choisissant de vivre dans un déficit permanent, de diriger le pays sans budget, et de persister dans une politique de l’autruche face à tout ce qui s’est produit— subventions, pertes, stabilisation artificielle de la livre et dépenses pour l’électricité, dilapidées sans effet.
Aujourd’hui, le plan affirme que ce sont les déposants et les banques qui doivent endosser l’entière responsabilité de ce qui s’est passé. L’État, lui, n’assume aucune responsabilité, au nom d’une lecture idéologique de gauche qui lui confère tous les droits. Le déposant perd son argent, tandis que les banques se voient imposer une responsabilité accrue, simplement parce que la tendance veut qu’elles soient tenues pour responsables.
Ainsi, une seule question se pose pour un gouvernement qui ambitionne de relancer les le moindre sou dans les banques libanaises s’il est appelé, in fine, à en assumer le coût ? Et si des banques étrangères envisageaient de s’implanter au Liban, pour développer leurs activités ou participer à une nouvelle phase où de nouvelles banques émergeraient après la fusion des existantes, quel intérêt y trouveraient-elles si elles constatent que les banques locales sont responsables d’une partie du problème, mais en supportent l’intégralité des conséquences ?
Un banquier international choisira logiquement de se tourner vers des marchés plus vastes, car il ne verra aucun avantage à investir dans un pays comme le Liban, qui ne compte qu’environ cent mille déposants. Les banques existantes ne pourront pas rétablir un fonctionnement normal des crédits. Dans ces conditions, qu’est-ce qui pourra réellement stimuler les investissements ? Quel jeune pourra acheter une maison ou une voiture, ou même prendre un crédit pour se lancer dans un métier ou créer sa propre entreprise ?
Ce texte de loi constitue une véritable faille économique, destinée à comater la faille financière, ni plus ni moins.



Commentaires