Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a annoncé que les ministres affiliés à son parti voteront contre le projet de loi sur le gap financier (la «Gap Law») lors de son examen en Conseil des ministres, estimant que le texte ne garantit pas la restitution des dépôts bancaires des citoyens.
«Quel critère retenons-nous, en tant que Forces libanaises, pour évaluer ce projet de loi et trancher sur son soutien ou son rejet ? Le critère est simple: permet-il ou non la restitution des dépôts des citoyens ? Partant de là, notre position est claire: nous ne soutenons pas ce texte, puisqu’il ne restitue pas les dépôts», a déclaré, lundi, Samir Geagea, depuis Meerab.
Le chef des Forces libanaises a estimé que la version actuelle du projet reste largement insuffisante pour répondre aux critères d’une loi véritablement globale et efficace.
Pour illustrer son propos, Samir Geagea a évoqué l’exemple des dépôts inférieurs à 100.000 dollars. «On affirme que le déposant pourrait toucher 2.000 dollars par mois, alors qu’il ne reçoit actuellement qu’un millier de dollars. En réalité, il ne s’agit que d’une amélioration marginale, présentée comme un grand succès, et étalée sur quatre ans», a-t-il expliqué. Selon lui, le véritable problème concerne les dépôts supérieurs à 100.000 dollars, qui représentent, selon lui, l’épine dorsale de l’économie libanaise.
«Il existe une idée fausse selon laquelle toute personne disposant de plus de 100 000 dollars serait riche. Ce n’est pas le cas. Beaucoup sont des entrepreneurs ou des professionnels qui subissent pleinement les conséquences de la crise», a souligné le leader des FL. Pour ces déposants, le projet prévoit l’émission de «certificats financiers» enregistrés auprès de la Banque du Liban, en vue d’une éventuelle restructuration des fonds. «Mais quelles garanties le gouvernement offre-t-il sur les modalités de cette restructuration ? Quelle en serait la durée ? Dix, quinze, vingt ans ? Et rien n’empêche qu’elle soit prolongée indéfiniment», a-t-il dénoncé.
M. Geagea a également critiqué l’opacité entourant le financement de ces remboursements. «On parle d’actifs de la Banque du Liban, mais quels sont-ils exactement ? Quel est le montant de la dette de l’État envers la Banque centrale, et comment sera-t-elle remboursée ? Tant que la Banque du Liban n’aura pas restitué les fonds aux banques, et que celles-ci ne les auront pas rendus aux déposants, comment peut-on accepter une telle loi ?», s’est-il interrogé.
«Sur cette base, nous rejetons catégoriquement ce projet de loi, non par idéologie, mais pour des raisons purement pratiques», a affirmé Samir Geagea. Selon lui, les Forces libanaises refusent un texte de façade qui donnerait l’illusion d’une solution, alors que seules des sommes dérisoires seraient restituées. «Doubler les retraits mensuels de 1.000 à 2.000 dollars, rembourser les dépôts inférieurs à 100.000 dollars sur quatre ans, tout en laissant le sort des autres dépôts dans le flou, ne constitue en aucun cas une solution réelle. Pour toutes ces raisons, nous ne soutiendrons pas la «Gap Law» et les ministres des Forces libanaises voteront contre», a-t-il ajouté.
Sur un autre plan, il a réaffirmé que «le Liban ne pourra jamais être un État normal et stable tant qu’il existera des organisations armées en dehors du cadre de l’État, au premier rang desquelles le Hezbollah». «Tant qu’une force armée échappe à l’autorité de l’État, il est impossible de parler d’un véritable État», a-t-il martelé, soulignant qu’il n’existe que deux options: soit un État qui détient le monopole des armes et de la décision, soit une nation qui sombre dans une situation marquée par les crises et les effondrements successifs.
Il a assuré que son parti poursuivra ses efforts «jusqu’à ce que toutes les armes, sur l’ensemble du territoire libanais, soient placées sous l’autorité exclusive de l’État». Ce n’est qu’à cette condition, a-t-il ajouté, que l’espoir d’un véritable État deviendra concret.



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