Washington lève les sanctions contre le juge brésilien Alexandre de Moraes après une loi d'amnistie
Le ministre de la Cour suprême fédérale du Brésil (STF), Alexandre de Moraes, fait un geste lors d'une cérémonie au cours de laquelle le juge Edson Fachin a pris ses fonctions de président de la Cour suprême et Moraes celles de vice-président, à Brasilia, le 29 septembre 2025. ©Evaristo Sa / AFP

Le département américain du Trésor a levé vendredi les sanctions visant depuis fin juillet le juge de la Cour suprême brésilienne Alexandre de Moraes, qui était en charge du procès de l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro, un allié du président américain Donald Trump.

L'OFAC, le service en charge des sanctions, a annoncé retirer M. de Moraes ainsi que sa femme, Viviane Barci de Moraes, de la liste de personnes sous sanctions, selon un document disponible sur le site du département du Trésor et consulté par l'AFP.

Maintenir le couple sur sa liste des personnes sanctionnées n'«est plus en ligne avec les intérêts américains en terme de politique étrangère», a pointé auprès de l'AFP une source proche.

La raison majeure étant le vote, par le Congrès brésilien, d'une loi d'amnistie, a-t-on expliqué de même source.

Les députés brésiliens ont en effet adopté mercredi, au terme d'une séance houleuse, une proposition de loi visant à «la pacification» du Brésil qui prévoit d'accorder une liberté conditionnelle à plus d'une centaine de partisans de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro.

Le texte vise à réduire de manière significative les peines de prison pour divers délits, dont celui de tentative de coup d'État.

La décision du gouvernement américain a été «reçue avec regret» par le fils de l'ex-président, Eduardo Bolsonaro, qui se dit néanmoins «reconnaissant du soutien du président Trump».

Député brésilien, Eduardo Bolsonaro fait lui-même l'objet de poursuites pour entrave au procès de son père, notamment via son lobbying auprès du président américain pour pousser à des sanctions.

L'ancien président brésilien a été condamné à 27 ans de prison, au terme d'un procès de plusieurs mois, pour tentative de coup d'État contre l'actuel président Luiz Inacio Lula da Silva, contre lequel il a perdu lors des élections en 2022.

Selon le parquet, le projet de coup d'État ourdi par le camp Bolsonaro a échoué faute de soutien de hauts responsables militaires.

Il prévoyait notamment l'assassinat de Lula, de son vice-président Geraldo Alckmin et d'Alexandre de Moraes.

Les personnes concernées par la loi d'amnistie ont été condamnées pour avoir participé à l'assaut des sièges des pouvoirs à Brasilia le 8 janvier 2023.

«Les États-Unis ont répété à plusieurs reprises leur inquiétude de voir un usage politique du processus judiciaire être fait au Brésil», a pointé sur X le secrétaire d'Etat adjoint Christopher Landau, «ils accueillent positivement la loi votée par le Congrès brésilien pour limiter ces abus».

Le Trésor avait estimé fin juillet que le juge avait profité de sa position pour «cibler des opposants politiques, notamment l'ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d'autres entreprises américaines et internationales».

Le juge de Moraes a par ailleurs bloqué durant 40 jours X au Brésil, jusqu'à ce que le réseau du multimilliardaire Elon Musk, un autre proche de M. Trump, se conforme aux ordres de supprimer des comptes accusés de diffuser des infox.

Pour les mêmes raisons, il a ordonné en février le blocage de la plateforme vidéo Rumble, prisée des conservateurs américains.

Outre les sanctions individuelles visant le juge de Moraes, le procès visant M. Bolsonaro a entrainé la mise en place par Washington de droits de douane de 40% sur un certain nombre de produits brésiliens.

Mais les relations entre Washington et Brasilia ont donné récemment des signes de détente, symbolisée par la rencontre entre Lula et Donald Trump fin octobre en Malaisie.

Le gouvernement américain, qui a engagé des négociations avec les autorités brésiliennes, a annoncé jeudi qu'il allait lever les droits de douane élevés imposés sur un certain nombre de produits agricoles en provenance du Brésil.

AFP

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