Une délégation des quinze membres du Conseil de sécurité de l’ONU est arrivée jeudi en Syrie pour la première visite officielle de l’instance dans le pays, à quelques jours du premier anniversaire de la chute de Bachar al-Assad, le 8 décembre prochain. Les diplomates ont franchi la frontière à Jdeidet Yabous depuis le Liban, après avoir atterri à l’aéroport international de Beyrouth, avant d’entamer un programme dense à Damas et dans ses environs, selon l’agence syrienne Sana.
Outre leurs rencontres prévues avec le président par intérim Ahmed al-Chareh et plusieurs responsables du nouveau pouvoir, les membres du Conseil se sont rendus dans la banlieue dévastée de Jobar, l’un des symboles des destructions massives accumulées durant près de quatorze ans de guerre civile. Ils doivent également échanger avec des représentants de la société civile pour évaluer la mise en œuvre d’une transition que l’ONU souhaite inclusive et représentative du caractère multiethnique et multiconfessionnel du pays.
Cette visite intervient alors que le Conseil de sécurité a récemment levé les sanctions pesant sur Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste devenu le visage de la transition après avoir conduit l’offensive qui a renversé Assad le 8 décembre 2024. Selon les Nations unies, cette normalisation graduelle reflète leur volonté de se «réétablir» en Syrie et de renouer un dialogue que les années de conflit avaient profondément dégradé. Le porte-parole du secrétaire général Antonio Guterres, Stéphane Dujarric, a souligné que l’ONU «espère que cette visite augmentera le dialogue entre les Nations unies et la Syrie».
Samuel Zbogar, ambassadeur slovène dont le pays exerce la présidence tournante du Conseil, a rappelé lundi que ce déplacement constitue «la première visite officielle du Conseil de sécurité au Moyen-Orient depuis six ans, et la toute première en Syrie». Il a reconnu l’existence d’«un manque de confiance» persistant entre Damas et l’ONU, que cette mission vise précisément à réduire. La délégation doit aussi «transmettre des messages» concernant les attentes internationales en matière d’inclusivité politique et de lutte contre le terrorisme.
Après Damas, une étape à Beyrouth et dans le Sud-Liban
La tournée ne s’arrête pas en Syrie. Vendredi et samedi, les membres du Conseil de sécurité se rendront au Liban, où ils doivent rencontrer des responsables politiques avant de descendre dans le Sud-Liban, auprès des Casques bleus de la Finul. Déployée depuis 1978 pour contenir les tensions entre Israël et le Liban, la force de maintien de la paix doit théoriquement quitter le pays fin 2027. Une perspective qui nourrit des inquiétudes alors que le cessez-le-feu instauré il y a un an entre Israël et le Hezbollah reste «quotidiennement mis à l’épreuve», selon Samuel Zbogar.
Pour les Nations unies, cette étape libanaise est cruciale pour mesurer la stabilité du pays voisin de la Syrie et vérifier la capacité de la Finul à maintenir un équilibre fragile sur une frontière où les tensions demeurent vives. La mission entend ainsi exprimer son «soutien et sa solidarité» avec les deux pays, tout en recueillant des informations directes sur les défis sécuritaires et politiques du moment.
En liant les deux visites, l’ONU cherche à replacer son action dans une lecture régionale: la transition syrienne, encore incertaine, et la situation libanaise, sous pression, demeurent étroitement imbriquées. Cette séquence diplomatique exceptionnelle reflète la volonté du Conseil de sécurité de revenir sur le terrain au Moyen-Orient, dans une région où les lignes politiques et sécuritaires ne cessent de se redessiner.




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