Keen'V révèle sa sensibilité profonde dans un album intime
Le musicien et chanteur de ragga français Kevin Bonnet, plus connu sous le nom de Keen'V, pose lors d’une séance photo à Paris le 19 novembre 2025. ©Joel SAGET / AFP

Avec IV saisons, Keen'V dévoile une facette plus introspective et émotionnelle, loin de l’image d’ambianceur qui lui colle parfois à la peau. Le chanteur normand y explore ses blessures, ses questionnements et son évolution personnelle.

Incontournable des soirées festives, le chanteur Keen'V démontre dans IV saisons, son douzième album disponible vendredi, que le vernis pop de ses chansons cache une part «d’égratignures, de blessures», qu'il évoque avec une maturité fruit d'une longue introspection.
À ses premiers succès empreints de sonorités caribéennes et aux sous-entendus osés comme dans A l'horizontale, début des années 2010, ont succédé des tubes entraînants comme Rien qu'une fois (2015) ou Tahiti (2021).
Avec plus de 1,5 million d'albums écoulés, Keen'V – Kevin Bonnet au civil – ne se résume pourtant pas à un ambianceur de boîte de nuit. Le chanteur normand de 42 ans, qui a abordé publiquement sa lutte contre la dépression, le prouve dans IV saisons, un voyage musical à travers les émotions : «Je ne me vois pas chanter quelque chose que je ne ressens pas», confie-t-il à l'AFP.

Votre notoriété s'est construite grâce à des titres festifs voire grivois. Loin de cet opus, plus pop et intime…

Mon public sait que je ne suis pas qu'un ambianceur. Il chante énormément Petite Émilie (sur le harcèlement scolaire, NDLR) en tournée et ce n'est pas du tout un titre d'ambiance. C’est pour ça que l'album est important parce que, si on ne se concentre que sur les singles, l'image qu'on a de moi, c'est ça. Alors que j'aime la musique dans son ensemble.

Cette étiquette d'amuseur public vous a-t-elle pesé?

Non, ça ne peut pas me peser. Je ne suis pas responsable de ce que pensent les gens. Mais s’ils s'arrêtent à ce qu'ils voient... On sait que la plus grande partie d'un iceberg est en dessous. Je pense que ma plus grande partie est en dessous. Et c’est ce que j'ai essayé de montrer dans cet album.

Sous leur apparente légèreté, que disent vos chansons?

Nous avons toujours essayé de laisser un petit message derrière. Mon morceau que les gens connaissent le plus, très léger, c'est J’aimerais trop. À la base, je prends la défense de Valérie Bègue (Miss France 2008, décriée pour avoir réalisé des clichés provocants, NDLR) qui s’en prenait plein la figure juste pour quelques photos.

Les relations humaines, l'amour, l'argent... Le titre Dans le faux égraine vos leçons de vie. D'où les tirez-vous?

Tout ce que j'ai dit dans ma chanson, c'était mes croyances. J'ai toujours cru que l'argent serait mon Graal, mon sauveur. J'en ai toujours manqué quand j'étais petit. Ça facilite une vie, on ne va pas se mentir. Est-ce que ça empêche de vraiment nettoyer les vrais traumas que tu as ? Au final, le problème est toujours là. Tu peux t'apporter plus de facilité, mais ça ne t'apportera pas le bonheur.

Comment avez-vous réalisé ce travail sur vous-même?

J'ai un psychologue, je l'appelle plus un penseur. Il a une façon de voir les choses qui est hors de mon prisme. J'ai remis en question beaucoup de mes croyances. Ça a fait un genre de mikado pour arriver à un vide où tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien, une des phrases de Socrate. Ce travail-là était tellement bénéfique, que même en musique, j'avais pensé avoir des recettes, des trucs... Il n'y a aucune recette. Il n'y a que le public et les oreilles du public.

Dans ce cheminement, vous avez aussi découvert la lecture. Que vous apporte-t-elle?

Je n'ai jamais lu de livres jusqu'à l'âge de 37 ans et maintenant j'ai une bibliothèque remplie de livres. Il faut lire des choses qui résonnent en nous. Le pouvoir du moment présent (par Eckhart Tolle, paru en 1997, NDLR) a été vraiment un «game changer» (point de bascule, NDLR) dans ma façon de voir les choses. Après, j'ai appris, avec d'autres livres, la méditation. Moi qui adore le silence, je me permets le silence pour pouvoir me parler.

Par Fanny LATTACH / AFP

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