J. Aoun annonce un plan en 5 points pour réaffirmer l’État et ouvrir la voie à la paix
©Agence nationale de l'information (ANI)

À l’occasion du 82ᵉ anniversaire de l’indépendance, le président de la République Joseph Aoun a prononcé vendredi soir, depuis le Liban-Sud, un discours centré sur la souveraineté, le monopole des armes par l’État et la nécessité de tourner la page des «mini-États».

Il a dévoilé un plan en cinq points visant à rétablir pleinement l’autorité de l’État sur la frontière sud et à accompagner les évolutions régionales en cours.

Un plan en cinq points pour la consolidation de la souveraineté

Le président Aoun a annoncé :

  1. La disponibilité immédiate de l’État libanais à fournir au mécanisme de supervision du cessez-le-feu un calendrier précis pour la reprise des points occupés au sud.

  2. L’engagement de l’armée libanaise à reprendre ces positions dès que les violations cesseront et que l’armée israélienne se retirera de tous les points litigieux.

  3. La demande officielle que le mécanisme de supervision veille à ce que les forces armées libanaises contrôlent seules la zone au sud du Litani.

  4. La volonté du Liban d’ouvrir des négociations, sous l’égide de l’ONU, des États-Unis ou de la communauté internationale, afin de parvenir à un accord de cessation définitive des «agressions transfrontalières».

  5. La mise en place, en parallèle, d’un mécanisme international de soutien à l’armée et de reconstruction des zones touchées par la guerre, supervisé par les pays «frères et amis» du Liban. «Cela garantit et accélère la réalisation de l'objectif national final et constant, qui consiste à rétablir le monopole de l'État sur les armes, sur l’ensemble du territoire libanais».

Le chef de l’État a également insisté sur la portée internationale de cette initiative. Il a souligné que ce processus mobilise «tous les amis du Liban, soucieux et sincères» dans leur volonté d’appuyer la stabilité du pays et la sécurisation de ses frontières. Il a assuré que Beyrouth se tient «prêt» et pleinement «engagé» dans cette démarche, présentée comme une opportunité collective pour consolider la paix et renforcer l’autorité de l’État sur son territoire.

Vers un «renouvellement» de l’indépendance

Ancrant son discours dans l’histoire du pays, Joseph Aoun a souligné que le Liban se trouve aujourd’hui «dans une période décisive», réitérant sa volonté de «construire un État et non un mini-État, et restaurer la culture de l'État, sans reproduire les déformations et le clientélisme d’antan».

Il a également mis en garde contre deux formes opposées de déni: ceux qui font comme si la situation régionale restait inchangée, et ceux qui agissent comme si une partie des Libanais avait «disparu», dans une allusion à la communauté chiite, notamment les partisans du Hezbollah. Le président a insisté sur le refus de toute exclusion communautaire: «Ce sont des Libanais. Ce sont nos compatriotes et les fils de cette terre. Nous continuerons à vivre ensemble.»

Une économie «en phase de redressement»

Le chef de l’État s’est ensuite penché sur le redressement économique, qu’il a présenté comme un élément central de la restauration de l’indépendance. Selon lui, les indicateurs chiffrées prouvent que l’économie libanaise se relève, «loin des illusions», grâce à une «gestion sage et raisonnable» des autorités gouvernementales et de la Banque du Liban dont il a salué la gouvernance. Celle-ci, a-t-il souligné, «est la cible de campagnes de diffamation orchestrées par ceux qui ne veulent pas d'un État au Liban».

Il a affirmé constater un regain de confiance de la diaspora et un retour de l’espoir parmi les Libanais.

Rétablir la culture de l’État

Par ailleurs, Joseph Aoun a plaidé pour un retour à la culture de l’État, qu’il oppose à l’anarchie et aux logiques de «mini-États». Il a rappelé qu’il ne sera plus toléré d’enfreindre la propriété publique, les deniers publics ou l’espace public, estimant que «tout cela est désormais rejeté par tous les Libanais».

Il a également appelé à replacer la loyauté envers la patrie au-dessus de toute allégeance extérieure.

Le président a affirmé que sa position suscite des critiques «des deux camps», mais que la ligne présidentielle restera inchangée: «Construire un État, et non un mini-État.»

Une perspective de paix et un rendez-vous symbolique

Le président a rappelé que la visite du pape Léon XIV, prévue dans quelques jours sous la devise «Heureux sont les artisans de paix», vient renforcer cet élan d’unité nationale.

Pour lui, le Liban s’inscrit résolument dans une dynamique de paix, rappelant que les Libanais sont «un peuple qui croit en la paix et qui la recherche». Estimant que la région évolue vers «une stabilité» et vers la «réactivation d’une paix fondée sur les droits et la justice», notamment «en faveur de la Palestine et du peuple palestinien», il a assuré que le Liban est «prêt à s’engager pleinement et efficacement» dans ce processus.

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