Le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane (MBS), est attendu à Washington mardi 18 novembre pour rencontrer le président américain Donald Trump. Cette visite, cruciale pour l’administration américaine, vise à relancer et étendre les accords d’Abraham, tout en consolidant les liens stratégiques et économiques entre Washington et Riyad.
Il s’agit également du premier voyage de MBS aux États-Unis depuis l’assassinat du journaliste et dissident saoudien Jamal Khashoggi en 2018, un crime commis par des agents saoudiens et largement attribué au prince héritier, qui avait déclenché une indignation mondiale.
Son retour à Washington marque donc une étape symbolique, voire une forme de réhabilitation diplomatique par Donald Trump, au moment où MBS, pressenti pour accéder prochainement au trône, s’impose plus que jamais comme un acteur central du calcul stratégique américain au Moyen-Orient.
De son côté, MBS entend profiter de cette rencontre pour renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense, et développer des partenariats économiques dans le cadre de son programme « Vision 2030 », qui vise à diversifier l’économie saoudienne et à réduire sa dépendance au pétrole.
Normalisation avec Israël
Depuis son retour à la Maison-Blanche, le président américain souhaite convaincre l’Arabie saoudite de normaliser ses relations avec Israël dans le cadre des accords d’Abraham. Ces accords établis en 2020 avaient été signés par le Bahreïn, le Soudan, le Maroc et les Émirats arabes unis, marquant à l’époque un tournant majeur pour la région.
Mais l’Arabie saoudite, gardienne des lieux les plus sacrés de l’islam, a toujours été réticente, conditionnant sa normalisation à l’établissement d’un État palestinien, ce que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou refuse. Dans une interview diffusée dimanche dernier sur la chaîne américaine CBS News, dans l’émission « 60 Minutes », Donald Trump s’était montré pourtant confiant, affirmant qu’il pensait que les Saoudiens finiraient par rejoindre les accords.
La signature d’un pacte de défense
Selon le site d’information américain Axios, cette rencontre pourrait aboutir à la signature d’un large ensemble d’accords, dont un pacte de défense qui fournirait à l’Arabie saoudite une garantie de sécurité américaine. Son modèle serait équivalent à l’engagement pris envers le Qatar en septembre dernier mais ne constituerait pas un traité de défense juridiquement contraignant.
Toujours selon Axios, l’Arabie saoudite souhaite faire avancer un vaste contrat d’armement, comprenant notamment l’achat de plusieurs dizaines de chasseurs F-35. En effet, lors de la visite de Donald Trump dans le royaume en mai dernier, de nombreux accords avaient été annoncés, dont un contrat d’armement de près de 142 milliards de dollars, mais ils n’ont pour la plupart pas encore été mis en œuvre. Une réalité qui aurait déçu les Saoudiens, selon une source d’Axios.
Le royaume souhaiterait également un accès aux puces américaines avancées, nécessaires pour soutenir ses ambitions en matière d'intelligence artificielle.
Côté diplomatique, il est probable que les deux hommes vont aborder la question du nucléaire iranien et plus globalement les tensions régionales. Reste à savoir si l’Arabie saoudite pourra jouer un rôle d’intermédiaire efficace pour apaiser les tensions et favoriser un nouvel accord avec Téhéran.
Le royaume s’était déjà montré particulièrement efficace sur le dossier syrien, réussissant à convaincre Donald Trump de lever certaines sanctions contre la Syrie, après la chute du régime de Bachar al‑Assad.



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