Le président syrien Ahmad el-Chareh s’est entretenu lundi à la Maison-Blanche avec le président américain Donald Trump, marquant un moment inédit dans l’histoire diplomatique syrienne. Dans une interview accordée à The Washington Post après la rencontre, Chareh a mis l’accent sur la nécessité pour la Syrie de bénéficier d’un allègement des sanctions afin de reconstruire le pays après des décennies de guerre.
«Il est clair, à travers les politiques de M. Trump, qu’il est en faveur de la stabilité de la Syrie et de son intégrité territoriale, ainsi que de la levée complète des sanctions contre le pays. Il pousse dans ce sens », a déclaré Chareh au journal américain. Il a ajouté que «la majorité» des membres du Congrès qu’il a rencontrés lundi soutiennent également la levée des sanctions.
L’entretien s’inscrit dans le cadre d’une visite historique à Washington, première pour un dirigeant syrien, au cours de laquelle Chareh a été accueilli par une foule de partisans agitant des drapeaux syriens devant la Maison-Blanche. Depuis sa prise du pouvoir en décembre 2024, après la chute de Bachar al-Assad, le président syrien a progressivement transformé son image d’ancien chef rebelle et ex-militant islamiste en celle d’un interlocuteur international, rencontrant dirigeants et diplomates tout en cherchant des soutiens financiers et politiques pour son pays.
L’administration Trump a partiellement répondu à ses attentes en suspendant, lundi, et pour six mois, certaines sanctions imposées sous la loi César, ouvrant ainsi à la Syrie un accès limité au financement international et au système bancaire global, crucial pour la reconstruction des infrastructures détruites par la guerre. L’objectif est également de faciliter l’importation de biens essentiels, notamment pour la santé et le secteur de la santé. «La Syrie mérite d’avoir l’opportunité de redevenir un pays stable et prospère», a-t-il insisté.
Pour rappel, la loi César, adoptée en 2020, visait à sanctionner toute entité soutenant le gouvernement syrien ou participant à la reconstruction du pays sans l’accord préalable des États-Unis.
Chareh a qualifié les négociations avec Israël de «difficiles mais en cours», soulignant qu’elles se déroulent avec le soutien des États-Unis et d’autres acteurs internationaux. Il a ajouté que tout accord futur devrait obliger Israël à se retirer aux positions occupées par ses forces avant la chute du régime d’Assad, le 8 décembre 2024.
«Je crois que, dans le monde, les États-Unis sont le seul pays capable de mettre le comportement d’Israël sous contrôle», a déclaré Chareh.
Selon le Washington Post, le soutien américain au président syrien s’explique par l’intérêt stratégique de stabiliser la Syrie, de permettre un retrait partiel des forces américaines et d'intégrer les forces kurdes de Syrie dans l’armée nationale, dans le cadre de la coalition anti-État islamique. Malgré la coopération avec d’anciens adversaires comme la Russie, le président syrien «a décidé qu’il a besoin du soutien des États-Unis» pour obtenir l’aide financière des pays du Golfe et renforcer sa position face à Israël.



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