Erik Boulatov, figure majeure de l’art contemporain russe et l’un des fondateurs du mouvement Sots Art, est décédé dimanche à Paris à l’âge de 92 ans, a annoncé l’Académie russe des beaux-arts. Connu pour ses œuvres mêlant images et slogans soviétiques détournés avec ironie, Boulatov a marqué le conceptualisme moscovite et le Pop Art russe, exposé internationalement et reconnu pour sa critique subtile du langage comme instrument de pouvoir en URSS.
Figure majeure de l'art contemporain russe, Erik Boulatov, fondateur du mouvement Sots Art opposé au réalisme soviétique, est décédé à Paris à l'âge de 92 ans, a indiqué lundi à l'AFP l'Académie russe des beaux-arts.
Boulatov, «l'un des fondateurs du conceptualisme moscovite et du Sots Art, est décédé dimanche à Paris», a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'Académie dont il était un membre honoraire.
Ses œuvres, principalement des assemblages liant l'image et le langage, puisent largement dans l'iconographie du régime soviétique. Elles lui ont valu de nombreuses expositions monographiques dans le monde.
La typographie y masque souvent des ciels bleus, des personnages ou des paysages et des milieux urbains colorés.
Avec une audacieuse ironie, il reprend à son compte des formules et slogans omniprésents en URSS: Gloire au PCUS (Parti communiste de l'URSS), Entrée interdite pour mieux les détourner, et éclairer l'emploi du langage comme instrument de contrôle du régime.
Né en 1933 à Sverdlovsk (aujourd'hui Ekaterinbourg, en Oural) dans une famille de communistes, il est diplômé en 1958 de l'institut des Arts Sourikov à Moscou. Il commence sa carrière comme illustrateur de livres pour enfants, influencé par l'avant-garde russe du début du XXᵉ siècle.
Sa peinture est ensuite influencée par le Pop Art qu'il découvre en 1957 au Festival de la jeunesse à Moscou. À travers un groupe qu'il forme dans les années 1960, «Boulevard Sretenski» (adresse où les artistes se réunissaient), Erik Boulatov devient un membre éminent des conceptualistes moscovites, artistes non officiels opposés au réalisme socialiste.
Admiré des intellectuels, il demeure toutefois incompris en URSS, et inconnu à l'Ouest. Ce n'est qu'à la faveur de la Perestroïka, l'ouverture économique et sociale engagée par Mikhaïl Gorbatchev en 1985, qu'il sort de l'anonymat. En 1988, il fait partie de la sélection officielle soviétique pour la Biennale de Venise.
Il s'installe alors à New York, puis, en 1992, à Paris avec sa femme.
En 2016, le couple de collectionneurs Ekaterina et Vladimir Semenikhine a fait don de son huile Gloire au PCUS au Centre Pompidou à Paris.
Célébré en Russie comme fondateur du pop art russe et du photoréalisme, le peintre était retourné à plusieurs reprises dans son pays natal pour y être exposé.
Avec AFP



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