Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a demandé samedi à la population de faire des «sacrifices» pour pouvoir redresser le pays d'ici «deux à trois ans», dans un contexte économique difficile.
Le Sénégal est confronté à une situation économique préoccupante, avec un déficit budgétaire de près de 14% du PIB et une dette du secteur public et parapublic estimée provisoirement à 132% du PIB en fin 2024.
Les autorités au pouvoir depuis 2024 accusent le précédent régime d'avoir dissimulé les vrais chiffres des indicateurs-clés comme la dette publique et le déficit budgétaire.
Le gouvernement a imposé ces dernières semaines des taxes sur des produits comme le tabac, l'alcool ou les jeux de hasard, ainsi que sur les transferts d'argent numériques très utilisés dans le pays.
«Je demande aux Sénégalais un sacrifice sur deux ans ou trois ans et je sais que vous accepterez ce sacrifice-là», a-t-il déclaré, justifiant ces taxes par la situation économique du pays.
M. Sonko, chef du parti au pouvoir, Pastef, s'exprimait lors d'un grand meeting très attendu, qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes sur un vaste parking près d'un stade de Dakar.
Il a assuré que l'État en faisait déjà autant, en mettant fin à l'organisation de certains séminaires, ateliers et voyages ou à l'achat de certaines voitures pour réduire son train de vie.
Le gouvernement sénégalais fait face à de nombreuses critiques de la part de l'opposition et de certains observateurs.
Un peu plus tôt samedi, un collectif regroupant des membres de l'opposition avait tenté de tenir une manifestation - interdite par les autorités - contre le gouvernement ailleurs de la capitale.
Plusieurs personnes ont été arrêtées par les forces de l'ordre déployées en grand nombre sur les lieux, tandis que d'autres ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes, ont constaté des journalistes de l'AFP.
M. Sonko, populaire auprès des jeunes qui nourrissent beaucoup d'espoir envers les autorités issues de la présidentielle de mars 2024 et qui avaient promis «la rupture» et la justice sociale, a abordé plusieurs autres thèmes lors de ce grand meeting de plusieurs heures.
Il a évoqué sa relation avec le président Faye, dont il fut le mentor, un sujet qui suscite des débats dans le pays.
«Certains espèrent une brouille entre Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye», a-t-il lancé, «dans la vie tout peut arriver. Mais ce qui pourrait nous séparer ne viendra pas de moi et j'ai bonne foi que ça ne viendra pas non plus de lui».
Il a également mis en garde, sans citer de noms, certains alliés au sein du gouvernement qui «tentent de manipuler et d'isoler» le président Faye pour l'opposer à lui.
Il a par ailleurs appelé l'ancien président Macky Sall (2012-2024), installé au Maroc, à rentrer au Sénégal «s'il est courageux», l'accusant d’être coupable, lui et son régime, de «haute trahison».
MM. Faye et Sonko ont promis de faire rendre des comptes aux précédents dirigeants qu'ils accusent d'agissements coupables dans la gestion des affaires, à commencer par l'ex-président Macky Sall. Plusieurs de ses anciens ministres ont déjà été inculpés pour des malversations présumées.
AFP
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