«Doudou cross bitume», le profil déconcertant d’un des voleurs du Louvre
Cette capture d'écran réalisée le 5 novembre d'une image non datée et non située tirée du compte Tik Tok « DOUDOU CROSS BITUME AUBER 93 » (doudou.cross.bitu), montre Abdoulaye N., 39 ans, un suspect clé dans le vol du Louvre. ©TIKTOK/DOUDOU CROSS BITUME AUBER 93/AFP

Suspect-clé de l’affaire du vol des joyaux de la Couronne le 19 octobre au musée du Louvre, Abdoulaye N., 39 ans, ne correspond pourtant pas au profil-type des cambrioleurs de haut-vol.

Déjà connu des services de police pour des vols aggravés de petites envergures, dont celui d’une bijouterie de Barbès en 2014 qui lui vaudra une condamnation à trois ans de prison, il disposerait, selon un article du Parisien, 15 mentions à son casier judiciaire, notamment pour détention et transport de stupéfiants.

Il s’est également fait connaître sur les réseaux sociaux depuis la fin des années 2000 sous le pseudonyme de «Doudou cross bitume». Sa spécialité : des vidéos de figures acrobatiques en motocross en région parisienne, mais également des séances de musculation de rue, avec pour slogan «toujours plus près du bitume».

Sur la plateforme TikTok (alias «DOUDOU CROSS BITUME AUBER 93») comme sur Instagram (doudoucross6), il se présente comme «LA LÉGENDE» du «CROSS BITUME 93 AUBERVILLIERS».

Son compte Instagram, qui affiche 18 publications pour 201 abonnés, ancre son personnage dans la pratique sportive et un territoire, Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Il dispose aussi de comptes Dailymotion et YouTube.

Un amateurisme troublant

Arrêté le 25 octobre à Aubervilliers, puis inculpé et placé en détention provisoire, Abdoulaye N. s’est fait reconnaître par son ADN prélevé sur une vitrine fracturée et des objets abandonnés au Louvre. Les trois autres suspects de l’affaire ont également été confondus grâce à leur ADN, un couple dans la nacelle du monte-charge utilisé lors du cambriolage, et un autre homme sur un des scooters ayant servi à la fuite. Un amateurisme qui tranche avec l’ampleur du vol, propulsant les suspects au centre de toutes les attentions judiciaires.

Plus troublant encore, les déclarations des suspects, Abdoulaye N. et son complice présumé Ayed G., affirmant, selon Le Parisien, l’un qu’il ignorait cambrioler le Louvre et l’autre qu’il croyait faire irruption dans un établissement fermé, vide de tout visiteur un dimanche. Les deux suspects ont également affirmé avoir agi sur commande sans révéler de nom, potentiellement par un commanditaire à l’étranger.

Des profils d’amateurs qui renforcent l’hypothèse d’une implication à plus large échelle, soit d’un groupe issu du crime organisé ou d’autres réseaux informels organisés.

Les profils ne correspondent pas à ceux «qu'on associe généralement au haut du spectre de la criminalité organisée», a indiqué Laure Beccuau, la procureure de Paris, tout en soulignant qu’«aujourd'hui, on a des profils pas très connus en criminalité organisée qui montent assez vite sur des faits extrêmement graves».

Les différentes perquisitions de l’enquête n’ont pour le moment pas permis de retrouver les bijoux. D'après la procureure, l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) examine tous les «marchés parallèles» de revente. Parmi les hypothèses, elle a évoqué celle que les joyaux soient «une marchandise de blanchiment, voire de négociation dans le milieu de la criminalité organisée», en tant que «monnaie d'échange».

En attendant, depuis sa mise en cause, les comptes de «Doudou» sur les réseaux sociaux font l'objet de nombreux commentaires raillant les soupçons pesant sur lui.

Des utilisateurs lui demandent «T'as fait quoi des diamants de la couronne» ou de «rend(re) les bijoux», tandis que d'autres commentent : «Il est chaud, le braqueur» ou «T'as dû envoyer du lourd pour le Louvre».

 
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