Aux États-Unis, la paralysie budgétaire va déclencher l'annulation de milliers de vols
Le «shutdown» américain paralyse les aéroports : 10 % des vols supprimés dans 40 grands aéroports. ©MIGUEL J. RODRIGUEZ CARRILLO / AFP

Des milliers de vols vont être annulés à partir de vendredi aux États-Unis en raison du blocage budgétaire qui s'éternise sur fond de confrontation politique et contraint les contrôleurs aériens au chômage technique ou à travailler sans salaire.

Le gouvernement américain a annoncé mercredi qu'il allait demander aux compagnies aériennes de supprimer des vols à compter de vendredi pour «réduire la pression» sur le contrôle aérien, confronté à davantage d'absences en raison du «shutdown».

«Nous allons réduire les capacités» de vols «de 10% dans 40» aéroports, parmi les plus fréquentés du pays, a déclaré en conférence de presse le ministre des Transports Sean Duffy.

«Il nous manque 2.000 contrôleurs aériens», a-t-il expliqué, ajoutant qu'il fallait «réduire la pression» en diminuant le nombre de vols à superviser pour les équipes.

Selon une liste dévoilée par CBS News, certains des aéroports les plus fréquentés du pays dont Atlanta, Dallas, Los Angeles et New York pourraient être parmi ceux touchés.

Les États-Unis sont entrés mercredi dans leur 36e jour de blocage budgétaire, battant ainsi le record du plus long «shutdown» de l'histoire du pays.

Républicains et démocrates sont incapables, depuis le 1er octobre, de s'entendre sur un nouveau budget.

Résultat: des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux sont au chômage technique tandis que des centaines de milliers d'autres sont forcés de continuer à travailler. Ils ne reçoivent pas de paie jusqu'à la fin de la crise.

Plus de 60.000 contrôleurs aériens et agents de la sécurité des transports sont dans le deuxième cas de figure. Et plutôt que de travailler sans salaire pendant plusieurs semaines, certains ne se présentent pas à leur poste.

«Très inhabituelle» 

L'annonce par les autorités de la suppression d'un nombre important de vols intervient avant un week-end propice aux voyages aériens, mardi 11 novembre étant férié aux États-Unis.

Elle risque de renforcer l'impopularité du «shutdown» dans l'opinion publique, au lendemain de plusieurs élections clés, où l'opposition démocrate a signé de larges victoires.

Le président républicain de la Chambre, Mike Johnson, a déclaré fin octobre que 5% des retards de vol étaient dus à des pénuries de personnel, mais ce chiffre est maintenant passé à plus de 50%.

Il a averti à l'époque que «plus l'arrêt se prolonge et moins de contrôleurs aériens se présentent au travail, plus la sécurité du peuple américain est mise en péril».

Le ministre Duffy avait mis en garde mardi contre les risques de «chaos»: «Vous nous verrez peut-être fermer certaines parties de l'espace aérien, simplement parce que nous ne pourrons pas le gérer, faute de contrôleurs aériens», avait-il déclaré, rejetant la faute sur les démocrates.

«Nous allons demander aux compagnies aériennes de travailler avec nous pour réduire leurs plans de vol», avait précisé mercredi le patron du régulateur aérien FAA, Bryan Bedford.

Il s'agit d'«éviter que la situation ne se dégrade», a-t-il ajouté au côté du ministre.

«Le système est extrêmement sûr aujourd'hui, il le sera demain. Et si la pression continue d'augmenter, même après avoir pris ces mesures, nous reviendrons et prendrons des mesures supplémentaires.»

Bryan Bedford a dit ne pas se souvenir qu'une telle réduction ait déjà été décrétée «pendant (s)es 35 ans de carrière dans le secteur aérien».

«C'est une situation très inhabituelle. Nos contrôleurs n'ont pas été payés depuis un mois. Nous avons hâte de pouvoir travailler normalement à nouveau».

«Les contrôleurs qui continuent à venir font des heures supplémentaires, travaillent plus de jours (...) et nous voulons réduire cette pression (sur eux, NDLR) avant que cela ne devienne un problème», a poursuivi M. Bedford.

En moyenne, 44.000 vols sont supervisés par la FAA chaque jour, selon son site internet.

Avec AFP

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