Une question qui ne cesse de hanter les esprits, au Liban comme ailleurs : faut-il vendre son or…ou en acheter davantage ?
Longtemps considéré comme une valeur refuge, l’or est avant tout perçu comme une forme d’épargne plutôt qu’un investissement. En principe, détenir de l’or physique permet de se protéger durablement contre l’inflation.
Mais la flambée du métal jaune en 2025 a bousculé cette certitude.
Avec une hausse de plus de 60 % depuis le début de l’année, l’or ne peut plus être qualifié « d’investissement calme », comme le faisaient jadis les financiers. La correction observée à la fin d’octobre, après sept semaines consécutives de hausse, (+27 %) — avec un plus haut à 4381$ le 20 octobre dernier — a d’ailleurs été jugée « saine » par plusieurs experts, toutes écoles confondues — une pause nécessaire dans une ascension aussi fulgurante.
L’or fléchit, la Fed temporise
Les prix de l'or ont diminué mardi après que trois décideurs du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale (Fed) ont hésité à soutenir une nouvelle baisse des taux d'intérêt le mois prochain, tandis que l'indice du dollar américain continuait à se négocier près de ses plus hauts niveaux en plusieurs mois. L’or s’est stabilisé autour de 3941 dollars l’once, après avoir alterné entre gains et pertes lundi.
Fin octobre, le président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, a mis en garde les investisseurs contre toute anticipation d’une baisse des taux dès décembre, cherchant ainsi à tempérer les attentes du marché. Depuis, les traders s’efforcent d’évaluer les risques pesant sur le cours de l’or.
La Chine freine l’ascension de l’or
Parallèlement aux déclarations prudentes de Jerome Powell sur l’évolution des taux directeurs américains, Pékin a, de son côté, serré la vis sur le marché de l’or. Depuis le 1ᵉʳ novembre, la Chine a réduit de 13 % à 6 % la compensation de TVA accordée aux détaillants revendant de l’or physique hors coffres agréés, mettant fin à un allègement fiscal, qui a duré deux décennies.
Cette mesure renchérit les coûts pour les négociants et les bijoutiers, tout en réduisant l’attrait du bijou en tant que placement. Selon la banque londonienne ICBC Standard, elle pourrait freiner la demande à court terme, mais s’inscrit dans la volonté de Pékin de renforcer le commerce de l’or en yuan entre Shanghai et Hong Kong.
Détente sino-américaine
Amro Zakaria Abdo, cofondateur de l’Académie Market Trader, estime que l’accord conclu entre les États-Unis et la Chine sur des questions commerciales majeures a été le principal facteur de pression sur les prix de l’or. Cet accord a ravivé l’optimisme des investisseurs et réduit l’incertitude sur les marchés, entraînant une chute marquée des valeurs refuges : le cours de l’or est ainsi tombé sous les 4 000 dollars l’once, à mesure que les marchés absorbaient ces nouvelles données.
Abdo prévoit une poursuite du repli de l’or, alimentée par l’apaisement des tensions géopolitiques et par l’attrait retrouvé des marchés boursiers. Il rappelle néanmoins que, malgré cette correction, le métal jaune affiche encore la plus forte progression annuelle de son histoire, avec des prix en hausse de 49 % par rapport à l’an dernier, même après leur récente baisse.
Un marché suracheté ?
Bien que les indicateurs techniques laissent entrevoir un marché suracheté, des conseillers en gestion de patrimoine recommandent de constituer un portefeuille diversifié, comprenant entre 20 et 25 % d’investissements en or et en ETF aurifères. Cette recommandation est toutefois liée au volume des économies de chacun. Selon eux, les fondamentaux demeurent en effet solides pour soutenir le cours du métal jaune, malgré la possibilité de quelques replis.
Selon le Conseil mondial de l’or, 75 % des banques centrales, acteurs clés des achats, prévoient d’accroître leurs réserves d’or d’ici trois ans, afin de consolider leurs devises face au surendettement mondial. Il s'attend à ce que les achats pour 2025 se situent entre 750 et 900 tonnes.
L’or à 3 700 dollars
Selon le directeur mondial des marchés institutionnels à la raffinerie australienne ABC, Nicholas Frappell, « nous sommes clairement dans une phase de correction, et ce type de mouvement ne se termine pas en quelques jours. Je ne serais pas surpris de voir le prix de l’or tomber à 3 700 dollars avant de tester de nouveaux sommets historiques. »
De nombreux experts et analystes demeurent toutefois confiants quant aux perspectives des prix de l’or à long terme. Des banques telles que HSBC, Bank of America et Société Générale visent un cours cible de 5 000 dollars l’once pour l’année prochaine.




Commentaires