Le ministre soudanais de la Défense affirme que l’armée poursuivra les combats après une proposition de trêve américaine
Des Soudanais déplacés, ayant fui El-Fasher après la chute de la ville aux mains des Forces de soutien rapide (FSR), marchent dans le camp d’Um Yanqur, situé à la périphérie sud-ouest de Tawila, dans le Darfour occidental ravagé par la guerre, le 3 novembre 2025. ©AFP

Le ministre soudanais de la Défense a déclaré mardi que l’armée poursuivrait son offensive contre les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), après la réunion du Conseil de sécurité et de défense consacrée à une proposition de cessez-le-feu présentée par les États-Unis.

«Nous remercions l’administration Trump pour ses efforts et ses propositions en faveur de la paix», a déclaré Hassan Kabroun dans un discours diffusé à la télévision publique, tout en ajoutant que «les préparatifs de la bataille du peuple soudanais se poursuivent».

«Nos préparatifs de guerre sont un droit national légitime», a-t-il insisté, à l’issue de la réunion du conseil à Khartoum.

Aucun détail n’a été communiqué concernant la proposition américaine de trêve.

La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré mardi que Washington souhaitait «voir ce conflit se terminer pacifiquement, comme nous l’avons fait pour beaucoup d’autres. Mais la réalité est que la situation sur le terrain est très complexe en ce moment».

Elle a précisé que les États-Unis étaient «activement engagés» dans la recherche d’un accord de paix aux côtés de l’Égypte, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis.

La guerre au Soudan, qui a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé des millions de personnes en un peu plus de deux ans, s’étend à de nouvelles régions depuis quelques jours, faisant craindre une catastrophe humanitaire encore plus grave.

Les autorités alliées à l’armée avaient rejeté une précédente proposition de trêve émanant de ce groupe de quatre pays, désigné comme le «Quad» qui excluait à la fois l’armée et les paramilitaires du processus de transition politique.

Les nouvelles discussions interviennent alors que la situation s’aggrave sur le terrain: les paramilitaires des FSR semblent préparer une offensive dans la région du Kordofan central, après s’être emparés d’El-Fasher, dernier bastion de l’armée au Darfour.

Des habitants ayant fui El-Fasher ont fait état d’intimidations et de violences de la part des FSR.

Mohamed Abdullah, 56 ans, a raconté à l’AFP que des combattants des FSR l’avaient stoppé alors qu’il quittait la ville, la veille de sa chute le 26 octobre.

«Ils nous ont demandé nos téléphones, notre argent, tout. Ils nous ont fouillés de fond en comble», a-t-il dit.

Sur la route de Tawila, à environ 70 km à l’ouest, il a aperçu «un corps abandonné dans la rue, qui semblait avoir été dévoré par un chien».

Hors de contrôle

L’envoyé spécial de Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, a rencontré dimanche en Égypte le ministre des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, puis lundi la Ligue arabe.

Lors de ces discussions, Abdelatty a souligné «l’importance d’efforts concertés pour parvenir à une trêve humanitaire et à un cessez-le-feu à travers tout le Soudan, ouvrant la voie à un processus politique global», selon un communiqué du ministère.

Selon la Ligue arabe, Boulos a informé son secrétaire général, Ahmed Aboul-Gheit, des récents efforts américains pour «mettre fin à la guerre, accélérer l’acheminement de l’aide et lancer un processus politique».

Le Quad œuvre depuis des mois à obtenir une trêve dans le conflit, qui dure depuis plus de 30 mois.

En septembre, les quatre puissances avaient proposé une trêve humanitaire de trois mois, suivie d’un cessez-le-feu permanent et d’une transition de neuf mois vers un gouvernement civil, mais les autorités alliées à l’armée avaient immédiatement rejeté ce plan.

Après l’assaut des FSR contre El-Fasher, des informations ont fait état de massacres, de violences sexuelles, d’attaques contre des humanitaires, de pillages et d’enlèvements.

Lundi, la Cour pénale internationale s’est dite «profondément alarmée» par ces informations, estimant que de tels actes «pourraient constituer des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité».

S’exprimant lors d’un forum au Qatar, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté les parties belligérantes à «s’asseoir à la table des négociations et à mettre fin à ce cauchemar de violence, maintenant».

«Ne tuez pas les enfants» 

Dans la capitale Khartoum, sous contrôle de l’armée, des enfants ont participé lundi à une manifestation antiparamilitaire.

Un élève brandissait une pancarte manuscrite: «Ne tuez pas les enfants, ne tuez pas les femmes».

«La milice tue les femmes d’El-Fasher sans pitié», disait une autre pancarte.

Les deux camps ont été accusés d’atrocités.

Les Émirats arabes unis sont accusés par l’ONU de fournir des armes aux FSR, des accusations qu’ils rejettent.

De leur côté, l’armée soudanaise reçoit le soutien de l’Égypte, de l’Arabie saoudite, de la Turquie et de l’Iran, selon des observateurs.

La chute d’El-Fasher a permis aux paramilitaires de contrôler les cinq capitales provinciales du Darfour, faisant craindre une partition de facto du Soudan selon un axe est-ouest.

Les FSR contrôlent désormais le Darfour et des zones du sud, tandis que l’armée tient le nord, l’est et le centre, le long du Nil et de la mer Rouge.

AFP

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