Les importations aux Émirats arabes unis d'or en provenance du Soudan ont augmenté de 70% en 2024, a affirmé mardi une ONG suisse, qui accuse cet État du Golfe d'être une «plaque tournante de l'or issu de conflits».
Le riche pays pétrolier a importé 29 tonnes d’or du Soudan l'année dernière, contre 17 tonnes en 2023, ainsi que des quantités importantes transitant par les pays voisins, a indiqué l'ONG Swissaid dans un communiqué, en citant les statistiques du commerce extérieur des Émirats publiées le 31 octobre dans la base de données de l'ONU, UN Comtrade.
Ces données ont, depuis, été retirées de la plateforme, selon l'ONG.
Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée du général Abdel-Fattah Al-Burhane à son ancien allié Mohamed Daglo, chef des Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires).
Les FSR ont reçu des armes et des drones des Émirats arabes unis, d'après des rapports de l'ONU, mais le pays du Golfe nie toute implication dans le conflit.
Les Émirats ont également importé 18 tonnes d'or du Tchad et 9 tonnes de Libye, des pays qui «servent de portes de sortie de l’or contrôlé par les FSR», affirme Swissaid.
«Ce schéma et ces flux confirment le rôle des Émirats comme destination majeure de l’or de contrebande soudanais», ajoute l'ONG.
Ce pays est le principal acheteur de l’or africain en général, avec 748 tonnes importées du continent en 2024, en hausse de 18%. Deuxième importateur mondial après la Suisse, il a également acheté de «l'or russe qui contribue au financement de la guerre en Ukraine», pour une valeur de 5,4 milliards de dollars en 2024, selon l'ONG.
«Malgré leurs engagements en faveur d’un approvisionnement responsable, les Émirats restent une plaque tournante mondiale de l’or d’origine douteuse, notamment de l’or issu de conflits», dénonce Swissaid.
Le pays a adopté en 2023 une réglementation fondée sur les principes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui interdit l’importation d’or illégal ou lié à des conflits.
Il a été retiré de «la liste grise» de l'organisme de lutte antiblanchiment Gafi en 2024, ainsi que de la liste des pays à «haut risque» de blanchiment d'argent de la Commission européenne en juin dernier.
AFP



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