Andrew ou la descente aux enfers d'un prince
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Ne l'appelez plus prince: Andrew, le frère du roi Charles, a connu une nouvelle dégringolade vers l'enfer en perdant son titre de prince et sa résidence de Windsor, et se retrouve plus isolé que jamais pour avoir sali la réputation de la famille royale en s'associant avec Jeffrey Epstein.

Bien qu'il soit devenu au fil des ans un embarras constant pour son frère le roi Charles III, le deuxième fils d'Elizabeth II, réputé son préféré, avait jusqu'ici réussi à ralentir sa chute.

Il n'avait plus aucun rôle public depuis novembre 2019, dans le sillage des révélations sur ses liens avec le tristement célèbre criminel sexuel américain Jeffrey Epstein, et de sa désastreuse interview à la BBC dans laquelle il avait affirmé n'avoir jamais rencontré Virginia Giuffre, principale accusatrice d'Epstein.

Mais il gardait tous ses titres et sa demeure luxueuse de 30 pièces à Windsor. Même avec le nouveau lot d'embarrassantes révélations sorties à l'approche de la publication des mémoires posthumes de Virginia Giuffre, il avait réussi à présenter mi-octobre son renoncement au prestigieux titre de duc de York comme une décision volontaire.

Mais le scandale qu'il a infligé à la monarchie la plus célèbre du monde ne voulait pas s'éteindre. Et les députés à Westminster menaçaient de l'auditionner et de lever le tabou qui les empêche de demander des comptes à la royauté, poussant le roi à ordonner le retrait de son titre de prince à son frère cadet et son exil à Norfolk, à 180 km de Londres.

Un couperet que les Britanniques appelaient de leurs voeux: Andrew avait touché ces derniers jours un nouveau seuil d'impopularité avec 91% d'opinions négatives, selon un sondage de l'institut YouGov paru jeudi.

Héros populaire

Pourtant, le destin n'a pas toujours paru sombre pour celui qui fut longtemps deuxième dans l'ordre de succession au trône, huitième encore aujourd'hui.

Né le 19 février 1960 au palais de Buckingham, Andrew est le troisième enfant d'Elizabeth II et de son époux Philip, duc d'Édimbourg.

Longtemps, ses 22 ans passés dans la Royal Navy et son rôle pendant la guerre des Malouines (1982) ont fait de lui un héros populaire, souriant volontiers, plus à l'aise en public que son frère Charles, de près de 12 ans son aîné.

Figure du playboy flambeur, surnommé dans sa jeunesse «Andy le chaud lapin» à une époque où le #MeToo n'existait pas, il a pu ensuite parcourir le monde à grands frais comme représentant spécial du Royaume-Uni pour le commerce international (2001-2011).

Il a ensuite créé Pitch@Palace en 2014, réseau philanthropique pour mettre en contact petits entrepreneurs et investisseurs. Un succès, auquel il avait ajouté une branche commerciale à dimension internationale.

«Désastre ambulant»

Mais ce succès a été éradiqué par l'affaire Epstein, avec lequel Andrew s'était lié à partir de 1999.

Virginia Giuffre, qui s'est suicidée en avril dernier, a accusé le financier américain de l'avoir utilisée comme esclave sexuelle, et Andrew de l'avoir exploitée sexuellement à trois reprises, dont deux lorsqu'elle était mineure.

Andrew a toujours nié les faits. Mais un flux constant d'informations de presse est venu mettre en doute ses dénégations, rendant la situation intenable pour Charles et son fils William, qui semble déterminé à ne pas hériter d'un trône à la réputation ternie.

D'autant qu'Andrew a été au cœur d'autres scandales, récemment encore, pour ses liens avec un Chinois soupçonné d'espionnage. La presse britannique a été prompte à souligner les erreurs de jugement d'un prince critiqué depuis des années pour des contacts d'affaires louches à l'international.

L'expert de la monarchie Richard Fitzwilliams le qualifie de «désastre ambulant».

Aujourd'hui, Andrew ne quitte plus l'Angleterre. Il ne perçoit plus les 250.000 livres annuelles (300.000 euros) qu'il touchait comme membre actif de la famille royale. Et le coût de sa sécurité, que le roi ne paye plus, est estimé à 3 millions de livres (3,6 millions d'euros) par an.

Mais il gardait jusqu'ici un train de vie fastueux, grâce à sa résidence royale de 30 pièces de Royal Lodge, près de Windsor. Il y vivait avec son ex-épouse Sarah Ferguson - le couple a divorcé en 1996 - et leurs deux filles Beatrice (née en 1988) et Eugenie (née en 1990), qui elles gardent leur titre de princesse.

Cela aussi, c'est fini: même si aucune date n'a été annoncée, son déménagement doit intervenir «dès que pratiquement possible», selon des sources à Buckingham Palace.

Avec AFP

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