La banlieue sud de Beyrouth connaitrait une vague inédite de ventes immobilières, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Hezbollah. Bastion politique et militaire de la milice pro-iranienne, cette zone densément peuplée a été la cible de frappes intenses durant la guerre de l’automne 2024, et même après le cessez-le-feu conclu le 27 novembre de la même année. L’intensification récente des survols de drones israéliens ne fait qu’accentuer les craintes d’un nouveau conflit, ou du moins un retour à des frappes israéliennes massives.
Selon un rapport publié par le quotidien panarabe Asharq Al-Awsat, les offres de vente d’appartements se multiplient dans des quartiers comme Roueiss, Bourj el-Barajné et Sainte-Thérèse. Beaucoup préfèrent vendre à perte plutôt que de tout perdre, alors que plusieurs appartements ont été endommagés à répétition lors de la dernière guerre. D’après la même source, les agences immobilières locales confirment une baisse moyenne des prix comprise entre 20 et 40%, conséquence directe de l’instabilité sécuritaire et du déplacement de milliers de familles vers les régions périphériques ou montagneuses.
Le prix du mètre carré dans le cœur de la banlieue est désormais estimé entre 500 et 700 dollars, contre 1.300 à 1.500 dollars auparavant. Dans les quartiers plus prisés, tels que Hay el-Amerkan ou Sainte-Thérèse, il est passé d’environ 2.500 dollars à 1.000 dollars. Les courtiers notent toutefois que la demande reste faible, les acheteurs potentiels se limitant à quelques investisseurs aisés misant sur une reprise future du marché ou pariant sur une revente à prix fort après la guerre.
Exode et destructions massives
Les frappes israéliennes, notamment celles de juin et de l’automne 2024, ont causé d’importants dégâts dans la banlieue sud, malgré l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hezbollah en novembre de la même année.
Selon la Banque mondiale, plus de 162.000 unités résidentielles ont été détruites ou endommagées au Liban. Par ailleurs, l’organisation affiliée au Hezbollah, Jihad al-Binaa, avance un chiffre supérieur à 348.000 unités, alors que les frappes israéliennes contre le Hezbollah se poursuivent.
Près d’un an après la fin du conflit, les habitants n’ont toujours pas reçu de compensations complètes pour les pertes subies. Seules des aides temporaires pour le relogement ou le mobilier ont été distribuées.
Alors que les survols israéliens se poursuivent quotidiennement au-dessus du territoire libanais, la perspective d’une escalade militaire reste une source d’inquiétude majeure pour la population.
Cette atmosphère d’instabilité a transformé la banlieue sud de Beyrouth, longtemps perçue comme une zone de cohésion communautaire, en un marché immobilier dépressif, marqué par la peur d’un nouveau cycle de destruction.
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