Soulagement pour l'opposition turque: un tribunal d'Ankara a abandonné vendredi des poursuites visant le Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), qui croule depuis un an sous les enquêtes et les arrestations.
Les juges ont déclaré non fondée une plainte sur des allégations d'achats de voix lors d'un congrès en 2023 du principal parti de l'opposition turque.
Ces poursuites menaçaient d'invalider l'élection de l'actuelle direction du CHP, sorti largement victorieux d'élections locales l'an passé, et d'aboutir à la nomination d'un administrateur désigné par l'État à la tête du parti.
La décision a été accueillie par des applaudissements dans la salle d'audience, a constaté une journaliste de l'AFP.
«Le gouvernement nomme des administrateurs au lieu de s'occuper des problèmes de la population. Mais ses ambitions ont été contrecarrées aujourd'hui», s'est réjouie auprès de l'AFP Ummu Gulsun Seyfi, retraitée de 75 ans et membre du CHP depuis 1977, présente dans la salle d'audience.
L'avocat du CHP, Caglar Caglayan, s'est félicité d'une décision «résultant de l'État de droit». «Puisse-t-elle être bénéfique pour tous», a-t-il déclaré à la presse à l'issue de l'audience.
L'avocat du plaignant, un ancien maire CHP, a annoncé sa volonté de faire appel de la décision du tribunal d'Ankara.
«À l'heure où les notions de droit et de justice sont vidées de leur substance, cette décision (...) est la bienvenue pour notre démocratie», a réagi sur X le porte-parole du CHP, Deniz Yücel.
Les marchés, sensibles aux soubresauts politiques en Turquie, ont aussi réagi favorablement: le BIST100, indice vedette de la Bourse d'Istanbul, progressait fortement (+4,45%) peu après 12H00 (09H00 GMT).
Offensive judiciaire
Le CHP nie depuis le départ ces allégations d'achats de voix, accusant le gouvernement d'utiliser le pouvoir judiciaire pour mener à bien un «coup d'État politique».
Pour tenter de consolider sa direction, le CHP avait organisé un congrès extraordinaire le 21 septembre, au cours duquel Özgür Özel, actuel patron du parti, avait été réélu.
Le CHP, fondé par le père de la République turque, Mustafa Kemal Atatürk, est la cible depuis un an d'une vaste offensive judiciaire.
Sa figure la plus populaire, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, est incarcéré depuis mars pour corruption, une accusation qu'il rejette. Vendredi, une nouvelle enquête, cette fois pour espionnage, a été ouverte contre lui.
L'arrestation de M. Imamoglu, vu comme le plus sérieux rival du président Recep Tayyip Erdogan, avait provoqué de nombreuses réactions internationales et suscité une contestation inédite en Turquie depuis 2013.
Plus d'une dizaine d'autres maires CHP d'arrondissements d'Istanbul et de villes turques ont également été arrêtés et incarcérés depuis un an, la plupart pour corruption ou terrorisme.
Avec AFP



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