
Le roi Charles III, en visite d’État mercredi et jeudi au Vatican, va prier avec le pape Léon XIV lors d’un service œcuménique dans la chapelle Sixtine, une première depuis le schisme anglican il y a cinq siècles.
Cette visite intervient dans un contexte délicat pour le monarque britannique, dont le frère Andrew fait l’objet de nouvelles révélations accablantes dans l’affaire Epstein.
Pour Charles III, qui a le rôle de gouverneur suprême de l’Église anglicane d’Angleterre, il s’agira d’une première rencontre avec le nouveau chef de l’Église catholique, qui a succédé en mai au pape François.
La visite de Charles, accompagné de son épouse Camilla, «marquera un moment important dans les relations entre l’Église catholique et l’Église d’Angleterre», a souligné le palais de Buckingham.
La religion anglicane est née il y a près de 500 ans d’une scission avec l’Église catholique, provoquée par le roi d’Angleterre Henri VIII à la suite du refus du pape d’annuler son mariage avec Catherine d’Aragon.
En 1961, la mère de Charles, Elizabeth II, avait été la première monarque britannique à se rendre au Vatican depuis le schisme.
Temps fort de la visite, un service œcuménique dans la chapelle Sixtine verra jeudi le pape et le souverain britannique prier ensemble sous les célèbres fresques de Michel-Ange. Il aura pour thème la protection de la nature, un sujet cher à Charles III.
«Événement historique»
Ce service religieux va mêler des traditions catholiques et anglicanes. La chorale de la chapelle Sixtine accompagnera celle de la chapelle Saint-Georges de Windsor.
«C’est un événement historique», explique à l’AFP William Gibson, professeur d’histoire ecclésiastique à l’Oxford Brookes University. Il rappelle que le souverain britannique est tenu par la loi d’être protestant.
«De 1536 à 1914, il n’y avait pas de relations diplomatiques officielles entre le Royaume-Uni et le Saint-Siège», dit-il. Londres a ouvert une ambassade au Vatican en 1982 seulement.
Et ce n’est qu’en 2013 que la loi a été légèrement assouplie pour permettre aux membres de la famille royale qui épousaient des catholiques de conserver leur place dans l’ordre de succession, explique William Gibson. Jusque-là, ils devaient renoncer à toute prétention au trône.
Lors de leur visite, Charles et Camilla assisteront également à un autre service religieux œcuménique à la basilique Saint-Paul-hors-les-murs à Rome.
À cette occasion, le roi sera fait «confrère royal», et un siège spécial a été créé pour lui, qui restera dans la basilique et pourra être utilisé à l’avenir par ses successeurs sur le trône britannique.
Léon XIV et le monarque britannique célébreront ensemble l’année jubilaire ou Année Sainte de l’Église catholique, qui a lieu tous les 25 ans et attire des millions de pèlerins au Vatican.
Cette visite d’État survient au lendemain de la publication des mémoires posthumes de Virginia Giuffre, principale accusatrice dans l’affaire du pédocriminel Jeffrey Epstein.
Elle affirme avoir été contrainte à des relations sexuelles avec le prince Andrew, le frère de Charles III, à trois reprises, dont la première quand elle avait 17 ans.
Déjà mis à l’écart de la famille royale depuis 2019, Andrew a annoncé vendredi, sous la pression de Charles, renoncer à utiliser son titre de duc de York.
De son côté, Charles, âgé de 76 ans, est toujours soigné pour un cancer révélé début 2024.
Il s’est déjà rendu plusieurs fois au Vatican.
Le couple royal a rencontré en privé le prédécesseur de Léon XIV, le pape François, le 9 avril dernier au Vatican, 12 jours avant sa mort, en marge d’une visite d’État en Italie.
Avec AFP
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