Au Bangladesh, la peine de mort requise contre l'ex-Première ministre Sheikh Hasina
Le Bangladesh réclame la peine de mort contre l’ex-Première ministre Sheikh Hasina, 78 ans, accusée d’avoir ordonné la répression sanglante des émeutes de 2024. ©AFP

«Nous exigeons la peine maximale»: l'accusation a requis jeudi la mort contre l'ex-Première ministre du Bangladesh Sheikh Hasina, 78 ans, jugée en son absence pour avoir ordonné la répression des émeutes qui ont précipité sa chute en 2024.

«Nous exigeons la peine maximale. Pour un simple meurtre, la peine de mort est la règle. Pour 1.400 meurtres, elle la mérite 1.400 fois», a déclaré à l'audience le procureur, Tajul Islam.

«Elle est une criminelle endurcie et n'a fait preuve d'aucun remord pour sa brutalité», a-t-il ajouté, dénonçant une accusée dont «le seul objectif était de se maintenir en permanence au pouvoir».

Le tribunal de la capitale Dacca, qui la juge pour cinq chefs d'accusation relevant dans le droit bangladais du crime contre l'humanité, doit rendre son verdict dans les semaines qui viennent.

Surnommée la «bégum de fer», Sheikh Hasina a régné sans partage sur le pays pendant quinze ans (2009-2024). Elle a dû quitter le pouvoir en août 2024 au terme d'émeutes antigouvernementales initiées par une fronde des étudiants.

Selon un bilan de l'ONU, au moins 1.400 personnes ont été tuées pendant ces troubles, la plupart par les forces de sécurité.

L'ancienne cheffe du gouvernement vit depuis sa chute en exil en Inde voisine.

Dans une déclaration publiée en juin, au début du procès, le parti qu'elle dirige, la Ligue Awami, a dénoncé un «procès spectacle» et «catégoriquement nié» toutes les charges qui pèsent contre elle.

La justice bangladaise a émis plusieurs mandats d'arrêt contre Sheikh Hasina. Mais l'Inde s'est jusque-là refusée à les exécuter.

«Attaque systématique» 

À l'audience, elle est représentée par un avocat commis d'office, Amir Hossain, qui a reconnu ne pas avoir le moindre contact avec elle.

En ouvrant les débats en juin, le procureur Islam avait accusé Sheikh Hasina d'avoir directement orchestré la répression des manifestants.

«Nous sommes parvenus à la conclusion qu'il s'agissait d'une attaque coordonnée, généralisée et systématique», avait-il argué. «L'accusée a mobilisé toutes les forces de l'ordre et les membres armés de son parti pour réprimer le soulèvement».

Depuis plus de trois mois, le tribunal a entendu de nombreux témoins venus décrire en détail les violences exercées par les forces de sécurité.

En août, un étudiant de 25 ans, Abdullah Al Imran, avait raconté aux juges comment sa jambe gauche avait été «déchirée» par une balle.

L'étudiant a affirmé avoir vu l'ex-Première ministre, qui était venue visiter l'hôpital où il se trouvait, donner l'ordre suivant: «pas de libération, pas de traitement» pour les manifestants blessés.

«Je n'ai pas compris la signification de cet ordre sur le coup, mais plus tard – quand mon opération chirurgicale a été reportée à plusieurs reprises», avait-il expliqué à la barre.

Outre l'ex-cheffe du gouvernement, le tribunal juge son ancien ministre de l'Intérieur Asaduzzaman Khan Kamal et l'ex-chef de la police Chowdhury Abdullah Al Mamun.

Outre la répression des émeutes de 2024, Sheikh Hasina est accusée par ses adversaires politiques d'une longue liste de violations des droits humains – meurtres extrajudiciaires, enlèvements, tortures – et des libertés fondamentales.

Avec AFP

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