
Le gouvernement américain a commencé vendredi à licencier des fonctionnaires, une menace qui était brandie depuis plusieurs jours par Donald Trump pour tordre le bras aux démocrates et sortir du blocage budgétaire.
Alors que les Etats-Unis semblent aller tout droit vers une troisième semaine de "shutdown", sans issue visible, le directeur du Budget de la Maison Blanche (OBM), Russ Vought, a annoncé sur X que les "réductions d'effectifs avaient commencé" pour les fonctionnaires fédéraux.
Plus de 4.000 d'entre eux, qui travaillent dans pas moins de sept ministères différents, ont d'ores et déjà reçu des avis de licenciement, selon un document judiciaire publié vendredi dans le cadre d'une procédure en Californie.
"Il y en aura beaucoup, et cela va viser ceux proches de démocrates car nous estimons qu'ils (l'opposition, NDLR) sont la cause" de la paralysie budgétaire dans le pays, a déclaré vendredi le président américain, Donald Trump.
Toutes les personnes concernées "ont été désignées comme non essentielles au sein de leurs services", selon le texte jugeant bienvenue cette réduction d'effectifs après une période de "bureaucratie hypertrophiée" sous la présidence du démocrate Joe Biden.
Ces licenciements concernent, entre autres, le ministère de l'Education, des Finances, ou encore de la Santé.
Un grand syndicat de fonctionnaires (AFL-CIO) a immédiatement saisi un tribunal fédéral pour empêcher l'exécutif de renvoyer de nouveaux agents, alors que le gouvernement s'est employé à réduire significativement la fonction publique fédérale depuis le retour au pouvoir de Donad Trump en janvier.
La menace de licenciements massifs est brandie par le président américain depuis le 1er octobre, soit le début du blocage budgétaire, dont la majorité républicaine et l'opposition démocrate se rejettent mutuellement la responsabilité.
Faute de budget, ce "shutdown" a placé des centaines de milliers de fonctionnaires américains en congé d'office, car considérés comme occupant des fonctions non-essentielles à la marche quotidienne du pays.
C'est au sein de ce vivier que l'exécutif américain menaçait de supprimer des emplois, affirmant que la faute reviendrait au camp démocrate au Congrès, qui refuse de céder sur le budget.
"Russell Vought vient de licencier des milliers d'Américains d'un simple tweet", a dénoncé le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, dans un communiqué.
"Soyons clairs: personne ne force Trump et Vought à faire cela. (...) Ils le font de leur plein gré. Ils choisissent sans pitié de nuire à des gens, à des travailleurs qui protègent notre pays, contrôlent nos aliments, interviennent en cas de catastrophe. C'est un chaos délibéré", a-t-il ajouté.
Une sénatrice républicaine, Susan Collins, s'est élevée pour s'opposer "fermement" aux licenciements, qu'elle qualifie d'"arbitraires", ont rapporté des médias américains.
Ceux-ci causent des pénuries de personnel au détriment des services rendus à la population, a-t-elle déploré.
Les républicains proposent une prolongation du budget actuel, avec les mêmes niveaux de dépenses, tandis que les démocrates réclament une prolongation de subventions pour des programmes d'assurance santé à destination de ménages à bas revenus.
Le parti de Donald Trump dispose de la majorité aux deux chambres du Congrès, mais en raison des règles du Sénat, 60 voix sur 100 y sont nécessaires pour adopter un budget. En l'état actuel, au moins huit membres de l'opposition devraient se rallier au texte républicain, mais seulement trois l'ont fait jusque-là.
Les responsables de la majorité présidentielle espèrent cependant réussir à en faire céder davantage au fil des jours.
Pendant toute la durée du blocage, l'ensemble des plus de 2,3 millions de fonctionnaires fédéraux ne sont pas payés, de même que les plus de 1,3 million de militaires.
Ces derniers devraient manquer leur première solde mercredi, une échéance qui devrait accentuer la pression populaire sur le Congrès et l'exécutif, au vu de l'importance des forces armées dans la culture américaine.
Avec AFP
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