Fashion Week de Paris: Alain Paul, le styliste qui fait danser la mode
Une invitée pose dans la rue avant la présentation de la collection Prêt-à-porter Femme Printemps-Été 2026 d'Alain Paul, dans le cadre de la Fashion Week de Paris, à Paris, le 1er octobre 2025. ©Dimitar DILKOFF / AFP

Il a troqué les chaussons pour les ciseaux, mais la scène reste son terrain de jeu. Ancien danseur de l’Opéra de Marseille devenu styliste, Alain Paul fait vibrer la mode au rythme du mouvement. À la Fashion Week de Paris, il a dévoilé mercredi une collection printemps-été 2026 entre tension chorégraphique et poésie textile, confirmant l’empreinte singulière de sa jeune griffe, née en 2023.

Il a troqué les pointes pour les ciseaux, mais la danse guide toujours son travail: en quelques saisons, le Français Alain Paul, qui a défilé mercredi à la Fashion Week de Paris, a imposé son esthétique en mouvement.

«J'aime beaucoup l'idée de chorégraphier le vêtement. Je trouve que c'est une autre façon de voir la mode», explique à l'AFP cet ancien danseur qui a lancé sa griffe éponyme en 2023.

Après quatre défilés au Théâtre du Châtelet, le styliste de 36 ans a présenté sa ligne mixte printemps-été 2026 au cœur de l'ancienne Sorbonne, dans le Ve arrondissement, transformée pour l'occasion en salle d'audition.

«De quoi rappeler les auditions de danse» de son ancienne vie, mais aussi les entretiens qu'il a passés cette année devant les jurys des prestigieux prix LVMH et de l'Andam, ce dernier lui décernant le Prix Spécial.

«C'est un peu un miroir entre la mode, la danse et ce qu'on vit», souligne-t-il.

Vulnérabilité

Après plusieurs collections marquées par des tailleurs précis et structurés, Alain Paul a voulu «montrer un peu plus de vulnérabilité» pour cette nouvelle saison.

L'idée était «d'avoir des vêtements qui étaient comme non finis, comme si on enfilait ou qu'on enlevait le vêtement», précise-t-il.

Les robes et tops se portent de travers, le corset descend en ceinture sur les hanches, tandis que les chemises, déboutonnées, ne gardent qu'une manche, l'autre dépassant largement de la veste.

Des chutes de collant se transforment en débardeurs ou en robes et des marcels forment des écharpes, le tout dans une palette très sobre, essentiellement composée de blanc, noir, beige et avec quelques touches de jaune et bleu pastel.

Après s'être inspiré du chorégraphe Merce Cunningham l'année dernière, le trentenaire a cette fois convoqué Pina Bausch, en intégrant pour la première fois des imprimés fleuris, comme ceux que la danseuse faisait apparaître sur scène, sur des robes d'été légères et aériennes.

Autant de pièces qui illustrent sa volonté d'incarner une «mode qui se porte dans la rue», assure-t-il.

Des planches aux podiums

Cette passerelle entre scène et quotidien traverse tout son parcours. Avant de devenir créateur, le trentenaire a en effet passé plus de 10 ans sur les planches de l'Opéra de Marseille, de ses 8 à 18 ans.

À 15 ans, il commence à imaginer des vêtements pour les chorégraphies qu'il crée avec ses camarades. «C'est là que la mode a vraiment commencé à me passionner», se souvient-il.

À 18 ans, il délaisse alors la classe professionnelle pour s'inscrire dans une école de mode à Paris.

«La mode me paraissait un monde où j'avais moins de frontières (...) Dans le vêtement, je pouvais m'exprimer d'une façon plus complète», relève-t-il.

Sa rencontre avec Demna Gvasalia, le tout nouveau directeur artistique de Gucci, sera décisive. Il devient son assistant et participe au lancement de sa griffe Vêtements en 2013.

«J'ai adoré faire partie de quelque chose qui démarre, et qui a changé comment on porte le vêtement.»

Après cinq ans, il choisit de rester à Paris tandis que le studio déménage à Zurich, et rejoint Louis Vuitton auprès de Virgil Abloh, l'ancien directeur artistique de la ligne homme décédé en 2021.

«C'était quelqu'un qui n'avait pas de limites et qui m'inspire encore aujourd'hui au quotidien», assure Alain Paul.

En 2022, il quitte la marque au monogramme pour lancer sa propre marque avec son mari Luís Philippe, ancien du célèbre concept-store parisien Colette, qui pilote la partie business.

«Je n'aurais jamais lancé ma collection sans avoir quelqu'un qui a confiance dans ma vision», explique-t-il.

Depuis, la griffe s'est imposée progressivement et est désormais distribuée dans 32 boutiques à travers le monde.

Mais pour Alain Paul, tout revient toujours au même point: le mouvement. «Tout l'univers de la danse restera toujours très présent dans mon inconscient», assure-t-il.

«Les chorégraphes parlent d'amour, de classes sociales, de la femme… Ils parlent de tous ces sujets qui nous touchent. C'est pareil avec la mode.»

Par Marine DO-VALE / AFP

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