
Jonathan Anderson signe son premier défilé féminin pour Dior, un moment très attendu de la Fashion Week. Le styliste nord-irlandais cherche à concilier innovation et héritage de la maison emblématique.
Jonathan Anderson va-t-il transformer l'essai chez Dior? Après une collection homme saluée en juin, Paris attend mercredi son premier défilé prêt-à-porter femme, rendez-vous clé pour tester sa capacité à conjuguer vision et héritage de la maison.
Le show, organisé dans le Jardin des Tuileries à 14h30 (12h30 GMT), est l'un des moments les plus attendus de la Fashion Week printemps-été 2026, avec les débuts de Matthieu Blazy chez Chanel.
À 41 ans, le Nord-Irlandais Jonathan Anderson est considéré comme l'un des enfants prodiges de la mode. Salué pour avoir propulsé sur le devant de la scène la griffe espagnole Loewe, également propriété de LVMH, il s'est forgé une réputation de créateur aux coupes impeccables, avec une utilisation généreuse de matériaux nobles, comme le cuir et le métal.
Parmi ses créations phares, des tenues de scène pour Beyoncé ou Rihanna. Il a également conçu les costumes de Challengers et Queer, deux films de l'Italien Luca Guadagnino.
Le styliste a une nouvelle fois soigné ses invitations : après une assiette ornée d'œufs en juin, un nouveau plat décoré cette fois de noix en céramique a été envoyé aux convives.
«Reprogrammer Dior»
Nommé en juin en remplacement de Maria Grazia Chiuri, quelques semaines après son arrivée chez Dior Homme, il est devenu le premier styliste depuis Christian Dior à superviser les trois lignes de la maison phare de LVMH, avec la haute couture.
«L'enjeu essentiel aujourd'hui, avec une seule tête à la direction artistique de la maison, c'est comment relier ces deux champs», explique à l'AFP Serge Carreira, professeur affilié à Sciences Po Paris et spécialiste de l'industrie du luxe.
«Ce qui va être intéressant, c'est de voir comment Anderson parvient à trouver à la fois des expressions différentes, mais aussi une unité», poursuit-il.
Pour sa première collection masculine, Jonathan Anderson avait puisé dans les archives de la maison fondée en 1946, en réinterprétant la robe Delft à plis multiples via de larges shorts cargo ou en réactualisant l'emblématique veste Bar, très cintrée à la taille et aux hanches arrondies.
«Mon idée, c'est qu'il faut décrypter et reprogrammer Dior (...) Dior, c'est une maison capable de renaître en elle-même», expliquait-il alors.
À quoi faut-il s'attendre pour son premier vestiaire féminin ? «Il est probable qu'il y ait un tournant esthétique assez profond par rapport à Maria Grazia Chiuri», avance Elvire von Bardeleben, responsable de la rubrique mode du Monde.
L'ancienne directrice artistique, restée en poste près de 10 ans, avait imposé une esthétique reconnaissable avec des robes de vestales et un vestiaire classique et pratique.
«Je pense que l'intention d'Anderson est d'apporter un décalage qui n'existait pas chez elle», observe la spécialiste.
Roi des tapis rouges
Le styliste a déjà esquissé sa vision de la femme Dior à travers une série d'apparitions sur tapis rouge et une campagne savamment orchestrée.
À la Mostra de Venise, l'actrice italienne Alba Rohrwacher a arboré une robe haute couture bleu nuit aux plis évoquant les silhouettes paniers du XVIIIᵉ siècle, tandis que la comédienne américaine Monica Barbaro portait une longue robe noire ceinturée souplement sur les hanches.
Au festival de Toronto, l'actrice anglo-américaine Anya Taylor-Joy s'est distinguée dans une robe courte en soie bleu clair, conçue comme un origami.
Dior a également dévoilé de nouvelles déclinaisons du sac Lady Dior, revisité par Anderson en rose poudré, bleu, gris, mais aussi en versions plus inattendues, ornées de trèfles ou de fleurs.
L'occasion également de présenter les nouvelles égéries : après Kylian Mbappé pour l'homme, les actrices Mikey Madison, Greta Lee et Mia Goth incarnent la ligne femme.
Plus de 110 marques présentent jusqu’au 7 octobre leurs collections prêt-à-porter printemps-été 2026, à travers 76 défilés et 37 présentations. Une Fashion Week parisienne marquée par un mercato inédit et un renouveau artistique sans précédent.
Outre les premiers pas de Jonathan Anderson et Matthieu Blazy, les regards se tourneront également vers les débuts de Pierpaolo Piccioli chez Balenciaga et ceux de Duran Lantink chez Jean Paul Gaultier.
Par Marine DO-VALE / AFP
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