
L'Iran a condamné dimanche le rétablissement des sanctions de l'ONU à son encontre, dix ans après leur levée, en plein désaccord avec les Occidentaux sur son programme nucléaire.
La monnaie nationale iranienne, le rial, a atteint vers 07H30 GMT un plus bas historique face au dollar, selon des sites de suivi des changes. Un dollar s'échangeait, selon le taux informel au marché noir, pour environ 1,12 million de rials contre environ 900 000 début août.
Allant d'un embargo sur les armes à des mesures économiques, les lourdes sanctions ont été rétablies samedi après un feu vert du Conseil de sécurité consécutif à l'échec des négociations. Mais Européens et Américains ont aussitôt assuré que cela ne marquait pas la fin de la diplomatie.
Le programme nucléaire iranien empoisonne de longue date les relations de l'Iran avec les pays occidentaux qui, avec Israël, son ennemi juré, soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de la bombe atomique. L'Iran dément et insiste sur son droit au nucléaire civil, surtout pour produire de l'électricité.
«Toute action visant à porter atteinte aux intérêts et droits du peuple de la République islamique d'Iran fera l'objet d'une réponse ferme et appropriée», a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Téhéran.
Il a dénoncé le retour «injustifiable» des sanctions «illégales» de l'ONU et appelé à ne pas les appliquer.
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran est le seul pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir l'uranium à un niveau élevé (60 %), proche du seuil technique de 90 % nécessaire à la fabrication de la bombe atomique.
«La grande question»
En 2015, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, les États-Unis, la Russie et la Chine avaient conclu avec l'Iran un accord prévoyant un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée progressive des sanctions internationales.
Mais les États-Unis, sous le premier mandat de Donald Trump, s'en sont retirés en 2018 en rétablissant leurs propres sanctions.
En riposte, l'Iran s'est affranchi de certains engagements, notamment sur l'enrichissement d'uranium, plafonné à 3,67 % par l'accord de 2015.
Dans l'une des clauses de ce pacte international, l'Iran déclare que si les sanctions étaient rétablies dans leur ensemble ou en partie, il considérerait cela comme un motif pour cesser d'exécuter ses engagements au titre de l'accord dans leur ensemble ou en partie.
Mais la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne (groupe E3) n'ont cessé de reprocher à Téhéran de ne pas respecter ses engagements, déclenchant fin août le mécanisme dit «snapback» qui permet dans un délai de 30 jours de rétablir les sanctions levées en 2015.
L'Iran accuse lui le groupe E3 de ne pas avoir respecté l'accord de 2015 car il n'a pas empêché le retour des sanctions américaines. Et il juge par conséquent «illégal» le déclenchement du «snapback».
Le quotidien ultraconservateur Kayhan, qui s'oppose à tout dialogue avec les États-Unis, estime que même les négociations n'auraient pu entraîner la levée des sanctions.
«La grande question est de savoir si la Russie et la Chine», qui s'opposent au retour des sanctions, «maintiendront leur position», écrit le quotidien réformateur Ham Mihan.
«Inacceptable»
Avant même le rétablissement formel des sanctions, l'Iran a rappelé samedi pour consultations ses ambassadeurs dans les trois pays européens.
Le président iranien Massoud Pezeshkian avait lui affirmé que Washington avait exigé de l'Iran de lui remettre «tout» son uranium enrichi en échange d'une prolongation pour trois mois d'une suspension des sanctions, une requête qualifiée d'«inacceptable».
Malgré l'escalade, Londres, Paris et Berlin ont assuré vouloir continuer à chercher «une nouvelle solution diplomatique garantissant que l'Iran ne se dote jamais de l'arme nucléaire», et appelé Téhéran «à s'abstenir de toute action escalatoire».
Le secrétaire d'État Marco Rubio a appelé Téhéran à «accepter des discussions directes, en toute bonne foi», tout en demandant à tous les États d'appliquer «immédiatement» les sanctions pour faire «pression» sur l'Iran.
Après plusieurs réunions infructueuses en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le trio européen a jugé que Téhéran n'avait pas fait de «gestes concrets» pour répondre à ses trois conditions : reprise des négociations indirectes avec les États-Unis ; accès des inspecteurs de l'AIEA sur les sites nucléaires sensibles de Natanz, Fordo et Ispahan ; processus pour sécuriser le stock d'uranium enrichi.
Les sites nucléaires et militaires en Iran avaient été bombardés lors d'une guerre de 12 jours en juin déclenchée par Israël qui avait mené des attaques sans précédent sur le territoire iranien, tuant des commandants et des scientifiques.
Israël a mené son offensive au moment où les États-Unis étaient engagés dans des pourparlers nucléaires indirects avec l'Iran. Les États-Unis ont bombardé durant la guerre plusieurs sites nucléaires.
AFP
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