
Un nouveau lieu de rayonnement spirituel chrétien a vu le jour en France, au nom de saint Charbel, avec la fondation d’un monastère de l’Ordre libanais maronite (OLM) à Villiers-sur-Marne, en Île-de-France, à 40 km de Paris.
C’est le troisième monastère maronite en Europe, après celui de Rome (Latran) et de Belgique (Abbaye du Bois Seigneur Isaac), mais le premier en France.
Le monastère a été inauguré au cours d’une cérémonie conduite par le patriarche Béchara Raï, en présence de Mgr Michel Jalkh, secrétaire du dicastère pour les Églises orientales, de Rabih el-Chaër, ambassadeur du Liban et de son épouse, de Mgr Peter Karam, administrateur apostolique de l’éparchie maronite en France, du père Hadi Mahfouz, supérieur de l’OLM, du père Georges Ghattas, supérieur du monastère, de sœur Véronique Leouillet, supérieure générale des Sœurs de Marie-Joseph et de la Miséricorde, congrégation dont relevait initialement le cloître, et d’une dense foule composée d’un millier de fidèles venus parfois de loin pour cet événement majeur.
De fait, le monastère témoigne de l’extraordinaire vitalité de l’Ordre libanais maronite, un ordre fondé depuis plus de trois siècles dans la Vallée sainte, mais aussi de la forte émigration des jeunes diplômés fuyant les crises à répétition qui barrent toute perspective de stabilité de l’emploi.
Toutefois, l’endroit n’est pour le moment qu’un lieu de ressourcement et de rassemblement diurne, précise en substance son supérieur, le père Georges Ghattas, joint au téléphone.
L’accueil de retraitants pour des séjours de durée variable doit attendre encore que le monastère reçoive les autorisations nécessaires à cette fin du gouvernement français.
Des liens remontant au XIIe siècle
En début de cérémonie, le patriarche maronite a affirmé: «Nous nous réjouissons profondément de présider cette cérémonie d’inauguration qui s’inscrit dans une «longue histoire» de liens d’amitié entre les maronites et la France qui remonte au XIIe siècle et dont le fruit le plus éclatant a été la naissance du Liban moderne.
À l’origine du projet figure une grâce de guérison, celle de Pascale Vernet, commissaire de vente du couvent,, a-t-il révélé. «Nous saisissons cette belle occasion pour adresser nos plus chaleureux remerciements aux chères Sœurs de Marie-Joseph et de la Miséricorde pour le vif intérêt qu’elles ont porté au projet (…), ainsi que les efforts louables, déployés avec joie et dévouement pour mener à bien ce projet par Mme Pascale Vernet (…). Le couronnement heureux de son recours à l’intercession de saint Charbel lors de sa difficile épreuve de santé révèle, dans ce projet de sanctuaire, le mystérieux travail de la Providence».
Pascale Vernet avait suspendu les négociations relative à la vente du couvent, en raison d'une maladie grave qui s'était déclarée. Elle s'était rétablie parfaitement après une onction d'huile sainte de Saint Charbel. Convaincue d'être une miraculée du saint thaumaturge, après un temps où tout semblait être bloqué, elle avait repris contact avec l'OLM et mené à bon terme les procédures de l’acquisition du couvent.
L’un des plus grands thaumaturges de l'Église catholique
Et le chef de l’Église maronite de poursuivre: «Il convient de rappeler que saint Charbel, béatifié en 1965, puis canonisé en 1977 par le saint pape Paul VI, est considéré de nos jours comme l’un des plus grands saints thaumaturges de l’Église catholique. Nous nous permettons de rappeler ici les grandes lignes du discours historique du saint pape Paul VI lors de la béatification du moine Charbel, à la clôture du concile Vatican II. Sa sainteté le pape y souligne que le moine d’Annaya répond, par son silence, à l’interrogation de tant de croyants: que doit faire l’Église pour hâter l’avènement du Royaume? Le Saint-Père affirme que Charbel Makhlouf, maître dans l’art de la contemplation, nous rappelle l’urgence de la prière, du silence, des vertus cachées et de l’ascèse, dans un monde dominé par le tumulte, le vacarme médiatique, la frénésie consumériste et la quête obsessionnelle d’un confort illusoire».
«Comme le disait Mère Teresa: Le fruit du silence est la prière, le fruit de la prière est la foi, le fruit de la foi est l’amour, et le fruit de l’amour est le service, a ajouté le patriarche (…). Ce lieu est appelé à devenir un feu doux mais puissant, réchauffant la société où il est implanté, sans faire de bruit. L’Évangile ne crie pas, il murmure. Il n’impose pas, il propose (…) Que le monastère Saint-Charbel à Villiers-sur-Marne, dans le département du Val-de-Marne, en Île-de-France, demeure florissant pour toujours sous la motion de l’Esprit. Qu’il soit à jamais un réconfort pour les âmes, un lieu de conversion pour les cœurs, un coin de ciel sur la terre».
Notons que dans un contexte souvent difficile pour les chrétiens du Moyen-Orient, marqué par des crises politiques et économiques et un fort mouvement migratoire, l’établissement de tels lieux en dehors du Liban est aussi un signe que la diaspora ne se contente pas de survivre, mais veut s’épanouir et transmettre sa spiritualité.
Saint Charbel jouit en effet d’une réputation très forte, non seulement auprès des maronites, mais aussi auprès d’autres chrétiens, Libanais et étrangers, comme de non-chrétiens, pour les nombreux miracles attribués à son intercession. Selon le mot d'un fidèle: «Il transporte le Liban avec lui partout où il va et sait y faire pour attirer les âmes».
Servi par six moines
Servi en permanence par six moines de l’OLM, dont trois poursuivent leurs études en France, le monastère est aménagé dans un ancien cloître des Sœurs de Marie-Joseph et de la Miséricorde, une congrégation religieuse féminine de droit pontifical née en 1971.
Doté d’un magnifique parc de 12.000 mètres carrés, il est accessible en fauteuil roulant, signe d’inclusivité, et dispose d’un parking spacieux.
L’Église maronite compte plus de 80.000 fidèles en France et y dispose de 14 paroisses. Elle a été érigée en 2012 en «éparchie» (circonscription diocésaine), relevant du Saint-Siège, et est gouvernée par à titre provisoire par Mgr Peter Karam.
L'église parisienne Notre-Dame-du-Liban, située dans le Quartier latin, demeure son édifice majeur.
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