
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a ordonné mardi la fermeture complète du pont Allenby, également appelé pont du roi Hussein, reliant la Cisjordanie à la Jordanie.
La mesure, annoncée par la radio de l’armée israélienne et confirmée par l’Autorité palestinienne des passages, concerne le seul point de passage officiel permettant aux Palestiniens de voyager vers l’étranger via le royaume hachémite.
Ce pont routier franchit le Jourdain entre la ville de Jéricho (Cisjordanie) et la Jordanie. Il est placé sous l’administration de l’Autorité israélienne des aéroports depuis la paix israélo-jordanienne de 1994 et est principalement utilisé par les Palestiniens de Cisjordanie.
Les citoyens israéliens ne sont pas autorisés à emprunter le pont, à l'exception de ceux de confession musulmane se rendant à La Mecque pour accomplir le Hajj et la Omra.
Une histoire mouvementée
Le pont a une histoire mouvementée. Construit en 1918 à l’ère britannique, il fut détruit en 1946 lors de la «Nuit des ponts» (une opération de sabotage organisée par les forces de la Haganah, une organisation paramilitaire sioniste, contre le gouvernement mandataire britannique) et une nouvelle fois durant la guerre des Six-Jours (1967), avant d’être chaque fois reconstruit.
La version actuelle du pont, en béton armé et à quatre voies, date de 2001.
Chaque jour des dizaines de camions commerciaux et humanitaires empruntent ce passage vital. En juillet dernier, par exemple, Israël a exporté pour 9,1 millions de dollars de marchandises vers la Jordanie via Allenby, et importé pour 42,4 millions, selon Al-Jazeera.
Mais la décision de M. Netanyahou s’inscrit dans un contexte sécuritaire tendu. Le 18 septembre, un chauffeur jordanien au volant d’un camion humanitaire a ouvert le feu et tué deux soldats israéliens sur le site. Cet incident avait ravivé les tensions et entraîné une restriction immédiate du trafic, transformant une artère de circulation vitale en point névralgique des rivalités régionales.
D’autant plus que cette décision intervient au lendemain de la reconnaissance de l’État palestinien par plusieurs États, dont la France. Si l’exécutif israélien n’a pas établi de lien direct, la fermeture du pont pourrait être perçue comme une première mesure de rétorsion… voire comme un prélude à une annexion pure et simple du territoire.
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