
De son tir fatal sur l'influenceur conservateur américain Charlie Kirk jusqu'au moment où il s'est rendu à la police le lendemain, plongée dans l'enquête sur Tyler Robinson.
Le procureur du comté de l'Utah Jeffrey Gray a détaillé mardi l'avancée des investigations en annonçant qu'il allait requérir la peine de mort contre lui.
Position de sniper
Très vite après l'attaque en pleine réunion publique mercredi à la mi-journée, un agent de police de l'université de la vallée de l'Utah parvient à localiser l'origine du tir.
«Au son», il reconnaît un fusil et cherche des «positions potentielles pour un sniper», explique Jeffrey Gray.
Il repère un toit à environ 150 mètres de la position de Charlie Kirk et s'y précipite «à la recherche de preuves». Il est accessible depuis une passerelle en enjambant une balustrade.
Il remarque «dans le gravier des empreintes potentiellement laissées par une personne en position de tir couché».
Les images de vidéosurveillance montrent «un individu franchissant la balustrade et se laissant glisser sur le toit à environ 12h15» heure locale, quelques minutes avant le tir fatal.
C'est le point de départ de la traque des autorités qui s'étirera une trentaine d'heures.
Sur d'autres images capturées plus tôt, le suspect présumé, «t-shirt noir floqué d'un drapeau américain, casquette foncée et larges lunettes de soleil», est vu entrer sur le campus à 11h51. Il marche «tête baissée», avec «une démarche inhabituelle», «en pliant très peu la jambe droite», ce qui accrédite la thèse qu'il «cache un fusil sous son pantalon».
«Immédiatement après le coup de feu», on le voit «descendre du toit» et s'échapper en courant du campus. Un fusil à lunette est retrouvé «enveloppé dans une serviette» dans une zone boisée à proximité. L'arme contient «une douille et trois cartouches non tirées».
Sur chacune, une inscription : «Eh fasciste, attrape ça!», «Oh bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao, ciao», «Si vous lisez ceci, c'est que vous êtes gay, mdr (mort de rire)».
L'ADN de Tyler Robinson est retrouvé sur la détente, la douille, deux cartouches et sur la serviette.
Reconnu par sa mère
Le lendemain, la mère de Tyler Robinson voit la photo du tireur aux informations et se dit qu'il ressemble à son fils. Quand elle l'appelle, il lui répond qu'il est «chez lui, malade», comme la veille.
Son père constate aussi la ressemblance et trouve que l'arme présumée correspond à celle que son fils «a reçu en cadeau».
Aux enquêteurs, sa femme explique qu'«au fil de l'année écoulée, Tyler Robinson s'est politisé et a commencé à pencher davantage à gauche, devenant plus pro-gay et favorable aux droits des personnes transgenres». Elle raconte que son fils «a entamé une relation amoureuse avec son colocataire, un homme biologique en transition de genre», rapporte Jeffrey Gray, «ce qui a conduit à plusieurs discussions» en famille, «en particulier entre Tyler Robinson et son père, aux opinions politiques très différentes».
«Depuis que Trump est au pouvoir, mon père est devenu MAGA pur et dur», écrit Tyler Robinson pendant sa cavale.
Au téléphone, ses parents le persuadent de les rejoindre chez eux. Il leur laisse entendre qu'il est le tireur, ne veut pas aller en prison et est prêt à mettre fin à ses jours.
«Ce type propage trop de haine», dit-il à ses parents qui l'interrogent sur ce qui l'a poussé à agir ainsi. Des accusations qu'il avait déjà portées lors d'une conversation avant l'attaque.
Avec l'aide d'un ami de la famille, «policier à la retraite», les parents convainquent leur fils «de se rendre». Il le fait le jeudi soir.
«Marre de sa haine»
Pendant sa courte cavale, Tyler Robinson échange des messages avec son colocataire.
Il lui écrit après l'attaque : «Arrête ce que tu es en train de faire. Regarde sous mon clavier.» Un mot s'y trouve : «J'ai l'occasion de descendre Charlie Kirk et je vais la saisir».
S'ensuit toute une conversation.
«Quoi? Tu plaisantes?»
«Je vais bien, mon amour, mais je suis coincé à Orem pour un petit moment encore. Je ne devrais pas tarder à rentrer à la maison, mais je dois récupérer mon fusil. J'avais espéré garder ce secret toute ma vie. Je suis désolé de te mêler à ça.»
«Ce n'est pas toi qui l'as fait, si?»
«C'est moi, c'est moi, je suis désolé»
«Pourquoi?»
«J'en avais marre de sa haine. Il y a une certaine haine avec laquelle on ne peut pas négocier.»
«Depuis combien de temps tu préparais ça?»
«Un peu plus d'une semaine je crois»
Plus tard, Tyler Robinson écrira : «Efface cet échange(...) Je vais me rendre.»
Par Elodie SOINARD / AFP
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