Au Liban, une rentrée scolaire marquée par la crise et les sacrifices
©Ici Beyrouth

La rentrée scolaire au Liban n’a rien d’une fête de cartables ou de cahiers neufs. Ici, elle se vit sur fond de sacrifices et de choix douloureux. Les familles, étranglées par la crise, réduisent drastiquement leurs achats de papeterie scolaire, alors même que les écoles privées exigent chaque année de nouveaux manuels, en changeant régulièrement d’édition.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2025, l’activité du marché de la papeterie et des fournitures scolaires reste inférieure de 25 à 30% par rapport à 2022. Ce recul illustre l’érosion continue du pouvoir d’achat des Libanais, même dans un domaine qu’ils considèrent comme «une priorité absolue»: assurer à leurs enfants une scolarité digne et un environnement psychologique stable.

«La mère de famille qui achetait autrefois deux ou trois cartables par enfant, pour les assortir à la couleur de son tablier et lui faire plaisir, se contente désormais d’un seul», affirme à Ici Beyrouth Ziad Bekdache, vice-président du syndicat des industriels du papier. Même constat pour les cahiers, ajoute-t-il: «Leur nombre est réduit au strict minimum.»

Sur le plan commercial, les perspectives sont tout aussi préoccupantes. Les exportations ne parviennent pas à compenser les pertes. Le marché saoudien, jadis crucial, reste fermé, privant le Liban d’au moins 300 millions de dollars. Le Maroc, de son côté, a imposé d'importantes barrières douanières sur tous les produits importés disposant d’un équivalent local, notamment les fournitures scolaires – une mesure qui contrevient aux dispositions de l’accord interarabe de libre-échange. Quant à l’Europe, elle est engluée dans la récession, tandis que les exportations vers l’Irak restent pénalisées par le coût prohibitif du transport, en attendant l’ouverture du poste-frontière d’Al-Walid.

Au Liban, la rentrée ne rime pas avec renouveau. Elle reflète une société qui, malgré tout, continue de se battre pour maintenir l’éducation au cœur de ses priorités, au prix de lourds sacrifices.

Source: Syndicat des industriels du papier

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