Georges de La Tour: lumière, émotion et rare exposition à Paris
«Saint Joseph charpentier» par Georges de la Tour, 1640. ©Wikipédia

Le musée Jacquemart-André à Paris consacre une exposition exceptionnelle à Georges de La Tour, maître du clair-obscur du XVIIe siècle. Vingt-trois toiles parmi les plus emblématiques de l’artiste sont réunies pour un événement inédit depuis 1997.

Rares sont les artistes qui ont peint comme lui les visages recueillis éclairés à la lueur d'une chandelle: Georges de La Tour (1593-1652), maître de la peinture européenne, fait l'objet d'une rare exposition à partir de jeudi à Paris.
Elle rassemble, au musée Jacquemart-André, 23 tableaux sur la quarantaine conservés dans le monde, dont plusieurs prêts exceptionnels français et étrangers.
C'est la plus importante exposition de cette ampleur consacrée à Georges de La Tour en France depuis 1997, selon Pierre Curie, commissaire de l'exposition avec l'Américaine Gail Feigenbaum.

De sa considérable production ne subsistent qu'environ «un tiers» de ses toiles, beaucoup ayant été détruites dans l'incendie de son atelier et de sa maison à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648), selon M. Curie.
Des œuvres d'atelier du peintre ou inspirées de lui ainsi que des tableaux de ses contemporains sont aussi exposés par thèmes.
Ce face-à-face met en lumière le style hors pair de cet artiste tombé dans l'oubli pendant plusieurs siècles, comme le Caravage, et redécouvert au XXe siècle. Il éclaire aussi ses rapports avec la Hollande et l'Italie.

Scènes de maternité, saints absorbés dans la prière, mendiants mangeant des pois ou musiciens aveugles... Georges de La Tour excelle à représenter, grandeur nature, «une nature humaine dépouillée dans ce qu'elle a de pathétique et de poétique», «un monde de la pauvreté et de la misère (peint) avec empathie tout en conservant une certaine neutralité», souligne le commissaire.

Parmi les chefs-d'œuvre présentés jusqu'au 25 janvier: Le Nouveau-Né (musée des Beaux-Arts de Rennes), Les Larmes de Saint-Pierre (Cleveland Museum of Art), La Madeleine pénitente (National Gallery of Art, Washington) ou La Femme à la puce (Musée Lorrain, Nancy).
Un tableau de jeunesse, intitulé L'argent versé, scène de genre nocturne comme il en peindra tout au long de sa carrière, provient de la National Art Gallery de Lviv, en Ukraine.

Né à Vic-sur-Seille, dans le duché indépendant de Lorraine, Georges de La Tour a rencontré le succès dès ses débuts, à 27 ans, travaillant pour de prestigieux mécènes et collectionneurs comme les ducs de Lorraine, le cardinal Richelieu et en tant que peintre ordinaire du roi Louis XIII.
Il s'est rapproché de Paris et du pouvoir après l'incendie de Lunéville et a offert à Louis XIII un tableau nocturne représentant Saint Sébastien (aujourd'hui perdu), que le souverain aurait tant apprécié qu'il aurait fait retirer les autres tableaux de sa chambre pour ne conserver que cette toile.

Il a fallu attendre les années 1910 et l'entre-deux-guerres pour que son œuvre soit redécouverte par les historiens de l'art.

Avec AFP

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