Israël menace d'une action «unilatérale» en cas de reconnaissance d'un État palestinien
Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, assiste à une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, au siège de l’ONU à New York le 5 août 2025. ©Angela Weiss / AFP

Une reconnaissance d'un État palestinien par des pays occidentaux pourrait pousser Israël à prendre des «mesures unilatérales», a averti dimanche le chef de la diplomatie, Gideon Saar, après des informations sur des projets d'annexion de parties de la Cisjordanie occupée.

Le président français, Emmanuel Macron, a annoncé en juillet que Paris allait reconnaître un État de Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre. D'autres pays, dont le Canada, l'Australie et la Belgique, ont ensuite fait part de la même intention.

Londres a dit en août qu'il leur emboîterait le pas si une trêve n'était pas conclue à Gaza, où Israël mène une guerre contre le Hamas en riposte à l'attaque lancée par ce mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

«Des États comme la France et le Royaume-Uni qui ont poussé à la soi-disant reconnaissance (d'un État palestinien) ont commis une énorme erreur», a dit M. Saar lors d'une conférence de presse avec son homologue danois Lars Løkke Rasmussen en visite à Jérusalem.

«Cela rendrait la paix encore plus difficile à atteindre», et «cela poussera Israël à prendre également des mesures unilatérales», a-t-il averti, sans préciser lesquelles.

Le roi Abdallah II de Jordanie a réaffirmé dimanche le «refus absolu» d'Amman de toute «mesure israélienne pour annexer la Cisjordanie» lors d'entretiens à Abou Dhabi avec le président émirati, Mohammed ben Zayed Al Nahyane.

Ces deux dirigeants ont aussi exprimé leur opposition «aux projets d'expansion des colonies (israéliennes NDLR) en Cisjordanie», dénonçant les «positions et déclarations israéliennes qui constituent une menace pour la souveraineté des États de la région», selon le palais jordanien.

L'ambassadeur américain en Israël, Mike Huckabee, a de son côté déclaré dimanche, dans un entretien à la BBC, que la reconnaissance d'un État palestinien serait «désastreuse».

«Déclarer unilatéralement un État palestinien constitue une violation des accords d'Oslo», conclus entre Israël et l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) de Yasser Arafat, a-t-il mis en avant.

Une reconnaissance d'un État palestinien serait largement symbolique en raison du refus d'Israël de la création d'un tel État auquel aspirent les Palestiniens. Ces derniers ambitionnent de l'établir sur les territoires de Cisjordanie et de la bande de Gaza, séparés par le territoire israélien.

Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a affirmé jeudi avoir prévenu Paris et les autres capitales concernées de possibles représailles de la part d'Israël sous la forme d'une annexion de territoires en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.

Il a refusé de se joindre à la condamnation mondiale du dernier plan de colonisation en Cisjordanie approuvé par Israël en août, dont la mise en œuvre empêcherait la création d'un éventuel État palestinien doté d'une continuité territoriale.

Le ministre israélien d'extrême droite Bezalel Smotrich avait auparavant déclaré, à l'adresse des dirigeants européens, qu'en cas de reconnaissance d'un État de Palestine, la réponse sera «l'application de la souveraineté israélienne sur toutes les parties de Judée-Samarie», terme par lequel Israël désigne la Cisjordanie.

AFP

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