
Icône inoubliable du film Sueurs froides d'Alfred Hitchcock, Kim Novak a reçu lundi un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière lors de la Mostra de Venise. À 92 ans, l’actrice américaine, devenue une légende du cinéma malgré une carrière heurtée par les diktats d’Hollywood, a été ovationnée pour son parcours singulier et son indépendance.
Hollywood voulait en faire une rivale de Marilyn Monroe mais c'est un rôle troublant dans Sueurs froides (Vertigo) d'Alfred Hitchcock qui fit de Kim Novak une légende du cinéma, distinguée lundi à Venise
À 92 ans, l'actrice américaine, à l'honneur d'un documentaire, a reçu lundi un Lion d'or pour l'ensemble de sa carrière et une ovation debout.
Cette récompense «rend hommage à une star émancipée, une rebelle au cœur d'Hollywood qui a illuminé les rêves des cinéphiles avant de se retirer dans son ranch de l'Oregon pour se consacrer à la peinture et à ses chevaux», a déclaré le patron de la Mostra, Alberto Barbera.
Le personnage féminin de Sueurs froides, «que l'on force à être quelqu'un qu'elle n'est pas», la renvoie à sa propre vie: «J'étais une fille du Midwest, de Chicago, et on essayait de me relooker et de faire de moi une blonde glamour, une star de Hollywood», déclare-t-elle à l'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur en 2013.
«Ce qu'ils veulent, c'est vous recréer à l'image de ce qu'ils ont en tête», poursuit-elle alors. C'est ce qui explique qu'il y ait tant de suicides à Hollywood, tant de gens «détruits, mentalement et physiquement, par le système».
Se rappelant avoir été traitée de «morceau de viande, rien d'autre» par le chef de pub de son premier studio, Kim Novak estime avoir été sauvée par son caractère indocile et têtu.
En 2012, elle confie avoir été violée, enfant, et diagnostiquée bipolaire après son départ des plateaux.
Patronyme tchèque
Née le 13 février 1933 de parents d'origine tchèque, Marilyn Pauline Novak rêve d'une carrière artistique mais gagne sa vie comme mannequin, vendeuse, opératrice d'ascenseur, hôtesse d'un fabricant de réfrigérateurs. Surnommée pour cela «Miss Deepfreeze» (Miss Glaciale), elle déménage à Los Angeles et fait de la figuration, jusqu'au jour où, à 20 ans, elle est remarquée lors d'un casting.
Le studio Columbia la prend sous contrat et veut la rebaptiser Kit Marlowe mais, «très attachée à ses origines tchèques», elle insiste pour conserver son patronyme. Sa demande est acceptée mais elle doit tout de même abandonner le prénom qu'elle a en commun avec Marilyn Monroe pour essayer de rivaliser avec la star.
Un an plus tard, après quelques cours de théâtre, Kim Novak joue dans Du plomb pour l'inspecteur (1954) de Richard Quine, qui partagera sa vie.
Elle enchaîne ensuite les films. Récompensée par le Golden Globe de la révélation féminine dès 1955 pour Phffft!, elle tourne dans Picnic et L'Homme au bras d'or la même année.
«Tyrans d'Hollywood»
C'est le remplacement de Vera Miles, enceinte, qui lui vaut le rôle de Madeleine/Judy dans Vertigo (1958), aux côtés de James Stewart.
Inspiré d'un roman du duo Boileau-Narcejac, le film est d'abord accueilli fraîchement avant d'être considéré comme un chef-d’œuvre.
Réfractaire aux diktats des studios, Kim Novak connaît une carrière en dents de scie et regrette de n'avoir eu le plus souvent que des «rôles de femme-enfant, de belle nana».
En 1991, un autre registre lui est offert dans Traumatismes (Liebestraum). Elle doit interpréter une femme internée dans un asile, mourant d'un cancer, mais le tournage est un tel calvaire avec le réalisateur Mike Figgis qu'elle abandonne le cinéma.
Elle quitte Hollywood pour un ranch de l'Oregon (nord-ouest des États-Unis), où elle se consacre à la peinture, entourée de chevaux et de lamas, aux côtés de leur vétérinaire épousé en secondes noces.
Kim Novak retrouve les projecteurs au Festival de Cannes en 2013 pour présenter une version restaurée de Vertigo.
Mais l'année suivante, lors de son passage aux Oscars, elle est éreintée sur son débit lent et ses opérations de chirurgie esthétique.
«Il y a des années, je me suis éloignée de Hollywood en partie parce que je ne supportais pas ces petits tyrans. Je ne vais plus me taire. (...) On ne peut pas laisser les gens nous pourrir la vie», répond-elle.
Par Valérie MIELNICKI / AFP
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