Finul: comment organiser le retrait de 10.000 Casques bleus du Liban-Sud d’ici fin 2026
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Le Conseil de sécurité a fixé la fin du mandat de la Finul au 31 décembre 2026. En 2027, près de 10.000 Casques bleus devront quitter le Liban-Sud après près de cinquante ans de présence – un défi logistique et militaire d’ampleur. Le général libanais à la retraite Khalil Helou décrypte les étapes de cette opération.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté, le 28 août dernier, la fin du mandat de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) pour le 31 décembre 2026. Après près d’un demi-siècle de présence au Liban-Sud, les 10.000 Casques bleus devront quitter le pays dans l’année 2027 – une opération complexe, à la fois logistique, militaire et diplomatique. Comment se déroulera ce retrait?

Pour le général libanais à la retraite Khalil Helou, le principe est clair: le plan sera «rétrograde». «À minuit, le 31 décembre 2026, le territoire libanais devra être intégralement évacué par la Finul», explique-t-il. Cela signifie que l’on part de la date finale pour organiser en sens inverse chaque étape du départ. Ainsi, le 30 décembre, le quartier général de Naqoura serait remis à l’armée libanaise, le 29, l’état-major de la Finul se retirerait, et ainsi de suite. Tout se fera sous la responsabilité du commandement de la mission, en coordination étroite avec l’armée libanaise et sous supervision du Conseil de sécurité.

Le retrait ne sera pas une simple équation arithmétique de quelques centaines de soldats évacués chaque mois. «L’état-major sera le dernier à partir, car c’est lui qui doit coordonner toutes les opérations. Logiquement, les contingents les plus au nord quitteront les premiers, puis ceux du centre, et enfin ceux du sud, le long de la Ligne bleue», explique le général. Chaque contingent national discutera avec l’ONU du calendrier précis de son départ.

La question du matériel lourd ne doit pas être dramatisée, selon lui. «La Finul n’est pas menacée, ni par Israël, ni par le Hezbollah, tant que le retrait se fait dans les règles», souligne le général Helou. Les blindés, véhicules et autres équipements seront évacués par l’aéroport international de Beyrouth et surtout par le port de la capitale, capable d’accueillir les gros navires. Certains équipements pourraient même être transférés à l’armée libanaise, comme cela a déjà été le cas.

Quant aux bases, deux options se présentent. «Si l’armée libanaise souhaite les occuper, elles seront remises intactes; il suffira de changer les drapeaux. Dans le cas contraire, elles seront démantelées pour éviter qu’elles ne tombent entre de mauvaises mains», précise l’ancien officier.

Pour ce qui est du risque d’incidents pendant les convois, il est jugé faible. «Mais si un tir survenait, la Finul aurait le droit de se défendre, et les escortes de l’armée libanaise devraient riposter», indique-t-il. La coordination avec Israël via les réunions tripartites régulières qui continueront à se tenir à Naqoura sera essentielle pour éviter tout malentendu entre armées au moment du retrait.

La composante maritime suivra le même principe. Les cinq navires de la force navale de la Finul rentreront chacun à leur port d’attache. Mais un vide risque de se créer. «L’armée libanaise n’a pas les mêmes moyens pour surveiller la mer. Il faudra un soutien extérieur en ressources et en équipements pour l’aider à combler ce manque», avertit-il.  

Sur terre, la surveillance de la frontière sud reviendra aux patrouilles de l’armée libanaise. Des moyens technologiques comme des drones ou des ballons d’observation pourraient être envisagés, mais nécessiteraient une coordination préalable avec Israël. L’ONU dispose toujours d’un petit groupe d’observateurs présents depuis 1949, qui pourrait poursuivre son rôle, mais il s’agit d’une mission d’observation, sans rôle sécuritaire.

Le départ de la Finul ne signifie pas pour autant un vide sécuritaire dans les villages du sud. «La Finul n’a jamais eu de mission de maintien de l’ordre, ce rôle a toujours été celui de l’armée libanaise et des forces de sécurité intérieure», rappelle le militaire à la retraite. Quant aux piquets et signalisations de la Ligne bleue, ils pourront être entretenus par l’armée libanaise sans difficulté. Les litiges frontaliers restant avec Israël ne concernent qu’une superficie très limitée, moins d’un demi-kilomètre carré.

Ainsi se dessine un retrait d’ampleur, qui nécessitera une coordination serrée entre l’ONU, l’armée libanaise et les acteurs régionaux. «On peut retirer 10.000 soldats en quelques jours comme en quelques semaines, tout dépendra du rythme décidé», conclut le général Helou. Une certitude demeure: à minuit, le 31 décembre 2026, la Finul aura tourné la page du Liban-Sud.

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