Xi et Poutine s'en prennent à l'Occident devant les grands d'Eurasie
Xi Jinping et Vladimir Poutine s'en prennent à l’Occident lors du sommet de l’OCS en Chine. ©Maxim Shemetov / AFP

Les présidents chinois et russe, Xi Jinping et Vladimir Poutine, s'en sont tour à tour pris durement aux États-Unis et à l'Occident lundi, lors d'un sommet réunissant une kyrielle de dirigeants et censé promouvoir une autre gouvernance mondiale à une époque troublée.

M. Xi a pourfendu une «mentalité de guerre froide» et «les actes d'intimidation» à l'œuvre actuellement selon lui, dans une référence à peine voilée aux États-Unis. M. Poutine a, de son côté, une nouvelle fois accusé l'Occident d'avoir provoqué le conflit en Ukraine.

M. Xi a ouvert lundi matin le sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) dans la mégapole portuaire de Tianjin (nord), en présence de son homologue et allié russe.

Il a défendu l'organisation comme un modèle possible de multilatéralisme dans une période de tensions géostratégiques et commerciales. Il a exalté un «esprit de Shanghai» à un moment où le monde est «en pleine turbulence et transformation». Il a également défendu le système onusien et l'Organisation mondiale du commerce.

«Nous devons nous opposer à une mentalité de guerre froide et de confrontation de blocs, ainsi qu'aux actes d'intimidation», a-t-il dit sans jamais citer les États-Unis.

«Nous devons plaider pour un monde multipolaire juste et ordonné et une globalisation économique inclusive», «promouvoir un système de gouvernance plus juste et raisonnable», a-t-il ajouté.

De son côté, Vladimir Poutine a défendu son offensive en Ukraine.

«Cette crise n'a pas été déclenchée par l'attaque de la Russie en Ukraine, elle est le résultat d'un coup d'État en Ukraine, qui a été soutenu et provoqué par l'Occident», a déclaré M. Poutine. Il l'a aussi imputée «aux efforts constants de l'Occident pour entraîner l'Ukraine dans l'Otan».

Tensions mondiales

Avec les pays partenaires et observateurs de l'OCS, les chefs d'État ou de gouvernement d'une vingtaine de pays sont réunis à Tianjin. Les représentants d'une dizaine d'organisations régionales et internationales participent également à ce sommet, censé placer la Chine au cœur de la compétition stratégique.

L'événement réunit aussi les présidents iranien Massoud Pezeshkian, turc Recep Tayyip Erdogan et biélorusse Alexandre Loukachenko, ainsi que les Premiers ministres indien et pakistanais, Narendra Modi et Shehbaz Sharif.

Xi Jinping a échangé des amabilités à leur arrivée avec MM. Poutine et Modi, souriants, avant que les dirigeants des dix pays membres de l'OCS ne posent pour une photo de groupe sur le tapis rouge.

Le sommet, le premier depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, est décrit comme le plus important par sa participation depuis la création de l'OCS en 2001. Il se tient dans un contexte de crises multiples touchant directement ses membres : confrontation commerciale des États-Unis avec la Chine et l'Inde, guerre en Ukraine, ou querelle sur le dossier du nucléaire iranien.

Les pays de l'OCS représentent presque la moitié de la population mondiale et 23,5 % du PIB de la planète. L'organisation est volontiers présentée comme faisant contrepoids à l'Otan. Son espace renferme d'importantes réserves énergétiques.

La communication officielle présente le sommet comme le modèle possible de relations internationales différentes.

Rare sortie de Kim Jong Un

Le rendez-vous ouvre une séquence où la Chine entend manifester non seulement son allonge diplomatique, mais aussi sa puissance de frappe, tout en se présentant comme un pôle de stabilité dans un monde divisé.

M. Poutine et plusieurs autres participants assisteront mercredi à la démonstration des capacités militaires du pays lors d'un grand défilé à Pékin pour célébrer les 80 ans de la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Le leader nord-coréen Kim Jong Un effectuera pour l'occasion une rare sortie hors de son pays. La Corée du Nord est devenue l'un des principaux alliés de la Russie dans sa guerre contre l'Ukraine.

De nombreux alliés de Kiev soupçonnent Pékin de soutenir aussi Moscou dans le conflit. La Chine invoque la neutralité et accuse les pays occidentaux de prolonger les hostilités en armant l'Ukraine.

Le sommet offre également l'occasion d'une multitude de rencontres bilatérales. Le président russe devait s'entretenir lundi avec ses homologues turc et iranien ainsi qu'avec le Premier ministre indien.

Des discussions entre MM. Xi et Poutine sont prévues mardi à Pékin.

Avec AFP

Commentaires
  • Aucun commentaire