
Après l'accueil spectaculaire qu'il a offert à Vladimir Poutine en Alaska, Donald Trump reçoit lundi Volodymyr Zelensky dans le Bureau ovale, un retour du président ukrainien dans le saint des saints de la Maison Blanche où il avait été réprimandé jusqu'à l'humiliation fin février.
Les images de ce 28 février, en direct sur les télévisions du monde entier, avaient consterné les alliés européens des États-Unis et de l'Ukraine et marqué un tournant dans les relations entre Washington et Kiev, après le soutien indéfectible de la présidence de Joe Biden.
Dans ce petit espace confiné de la Maison Blanche, que la presse a rebaptisé depuis le «bureau des embuscades», Donald Trump et son vice-président JD Vance avaient tancé le chef d'État ukrainien en l'accusant de manquer de respect» et de ne pas avoir «dit une seule fois merci» pour les dizaines de milliards de dollars d'aide militaire des États-Unis.
Six mois après, en rentrant vendredi soir de son sommet en Alaska avec son homologue russe, le président américain a invité M. Zelensky dans le Bureau ovale, lundi après-midi.
Alors, pour éviter cette fois tout faux-pas diplomatique et de froisser le milliardaire de 79 ans, le quadragénaire ukrainien a pris les devants dès samedi : il s'est déclaré «reconnaissant pour l'invitation» à la Maison Blanche.
Manoeuvre orchestrée
Selon une source de la chaîne CNN, JD Vance, qui avait lancé la charge contre M. Zelensky le 28 février dans le Bureau ovale, dans ce qui a pu être considéré comme une manoeuvre orchestrée, assistera lundi à la rencontre dans ce petit antre de la présidence américaine connu à travers le monde grâce à la télévision et au cinéma.
Une source gouvernementale européenne a indiqué dimanche à la presse que le président ukrainien devrait s'entretenir d'abord en tête-à-tête avec son homologue américain.
Les deux hommes devraient ensuite être rejoints par les principaux dirigeants européens annoncés en force à Washington pour faire bloc derrière leur allié en guerre contre la Russie depuis trois ans et demi.
Le président ukrainien ne sera donc pas seul.
Contrairement au 28 février, lorsque sa visite a tourné court.
Le dirigeant ukrainien avait quitté précipitamment la Maison Blanche, après avoir été malmené et attaqué verbalement par Donald Trump et JD Vance, l'accusant de «jouer avec la Troisième Guerre mondiale» et de manquer de «gratitude» envers la première puissance mondiale.
Il était parti sans avoir tenu aux côtés du président américain leur conférence de presse et leur déjeuner de travail prévus.
Donald Trump, qui s'est, depuis son retour au pouvoir le 20 janvier, rapproché du chef du Kremlin, avait sommé fin février Volodymyr Zelensky de «revenir quand il sera prêt à la paix».
Fracas
Mais depuis leur altercation fracassante qui avait consterné l'opposition démocrate américaine et les puissances européennes, de l'eau a coulé sous les ponts entre les deux hommes.
Même si l'ancien magnat de l'immobilier new-yorkais n'a jamais fait mystère du peu de proximité personnelle qu'il éprouve à l'égard de l'ex-comédien ukrainien de 47 ans. Tout le contraire de l'admiration que Donald Trump confie ressentir pour Vladimir Poutine, qu'il a accueilli en grande pompe et chaleureusement vendredi en Alaska.
Les chefs d'État américain et ukrainien s'étaient toutefois rabibochés le 26 avril, lors d'un tête-à-tête au Vatican, les visages penchés l'un vers l'autre, assis sur deux chaises posées dans la gigantesque Basilique Saint-Pierre de Rome, en marge des funérailles du pape François.
«La meilleure des conversations avec le président Trump», s'était alors réjoui Volodymyr Zelensky.
Et le 18 mai, toujours à Rome, il avait revu le vice-président JD Vance, les deux quadragénaires arborant un large sourire lors des entretiens de leurs délégations.
Par Nicolas REVISE/AFP
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