
Les dirigeants européens se joindront au président ukrainien Volodymyr Zelensky lors de sa visite à Washington lundi pour tenter de mettre fin à l’invasion de Moscou, après que le président Donald Trump a renoncé à exiger un cessez-le-feu à l’issue de son sommet en Alaska avec le dirigeant russe Vladimir Poutine.
Obtenir un cessez-le-feu en Ukraine, plus de trois ans après que le Kremlin a ordonné l’invasion, avait été l’une des principales exigences de Donald Trump avant le sommet, auquel l’Ukraine et ses alliés européens n’avaient pas été conviés.
Mais après une rencontre sans avancée claire, le président américain a écarté l’idée d’un cessez-le-feu immédiat en Ukraine – une décision qui semble avantager Vladimir Poutine, lequel plaide depuis longtemps pour des négociations sur un accord de paix final.
L’Ukraine et ses alliés européens ont critiqué cette position, y voyant une façon de gagner du temps pour consolider les avancées russes sur le champ de bataille. Le chancelier allemand Friedrich Merz, le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen font partie des dirigeants qui tenteront de convaincre Trump à Washington.
Avant cette visite, Ursula von der Leyen a indiqué sur X qu’elle accueillerait Zelensky à Bruxelles dimanche pour une réunion à laquelle d’autres dirigeants européens participeraient par visioconférence, avant de l’accompagner aux États-Unis « à sa demande » avec « d’autres dirigeants européens ».
Le gouvernement allemand a confirmé que Friedrich Merz ferait partie de la délégation et insisterait sur « l’intérêt d’un accord de paix rapide en Ukraine ». La Finlande a, de son côté, annoncé que son président Alexander Stubb se rendrait également à Washington.
Donald Trump a informé Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens lors de son vol retour d’Alaska à Washington, affirmant ensuite qu’« il avait été déterminé par tous que la meilleure façon de mettre fin à la guerre horrible entre la Russie et l’Ukraine était de parvenir directement à un accord de paix qui mettrait un terme au conflit ».
Les accords de cessez-le-feu « ne tiennent pas souvent dans la durée », a ajouté Donald Trump sur sa plateforme Truth Social.
Mais le président ukrainien a semblé peu convaincu par ce revirement, déclarant samedi que cela « compliquait la situation ». Selon lui, « si Moscou n’a pas la volonté d’exécuter un simple ordre d’arrêter les frappes, il faudra sans doute beaucoup d’efforts pour que la Russie accepte une coexistence pacifique avec ses voisins sur des décennies ».
« Une dure réalité »
Lors de son échange avec Volodymyr Zelensky et les dirigeants européens, Donald Trump a exprimé son soutien à une proposition de Vladimir Poutine visant à prendre le contrôle total de deux régions ukrainiennes largement occupées par la Russie, en échange du gel de la ligne de front dans deux autres. C’est ce qu’a rapporté un responsable informé des discussions à l’AFP.
Vladimir Poutine « exige de facto que l’Ukraine quitte le Donbass », a précisé la source, en référence aux régions de Donetsk et de Louhansk, dans l’est de l’Ukraine. En échange, les forces russes cesseraient leur offensive dans les régions portuaires de Kherson et de Zaporijjia, dans le sud du pays, où les principales villes restent sous contrôle ukrainien.
Quelques mois après le début de son invasion à grande échelle de l’Ukraine, la Russie avait annoncé en septembre 2022 l’annexion de ces quatre régions, bien que ses troupes n’en contrôlent toujours pas entièrement le territoire.
« Le président ukrainien a refusé de céder le Donbass », a indiqué la source.
Donald Trump a en outre affirmé que les États-Unis étaient prêts à fournir des garanties de sécurité à l’Ukraine, une assurance saluée comme un « progrès significatif » par Friedrich Merz.
Mais le bilan du sommet a été sévèrement critiqué par la cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, qui a accusé le président russe de chercher à « faire traîner les négociations » sans réelle volonté de mettre fin à l’effusion de sang.
« La dure réalité est que la Russie n’a aucune intention de mettre fin à cette guerre dans un avenir proche », a-t-elle déclaré.
Zelensky de retour à la Maison-Blanche
L’attention diplomatique se tourne désormais vers les discussions de Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche lundi.
La dernière visite du président ukrainien dans le Bureau ovale, en février, s’était soldée par une violente dispute, Donald Trump et son vice-président JD Vance l’ayant publiquement accusé de ne pas montrer suffisamment de gratitude pour l’aide américaine.
Dans un entretien accordé à Fox News après sa rencontre avec Vladimir Poutine, Donald Trump a estimé qu’il revenait désormais à Volodymyr Zelensky de parvenir à un accord de paix, dans la perspective d’un éventuel sommet trilatéral avec le président russe.
« C’est vraiment au président Zelensky de conclure », a-t-il déclaré.
Pression européenne
Dans une déclaration antérieure, les dirigeants européens ont salué l’idée d’un sommet Trump-Poutine-Zelensky mais affirmé qu’ils maintiendraient la pression sur la Russie en l’absence de cessez-le-feu.
Pendant ce temps, le conflit en Ukraine se poursuivait, Kiev et Moscou lançant mutuellement des drones d’attaque dimanche.
À Moscou, Vladimir Poutine a qualifié ses discussions avec Donald Trump de « sérieuses » et « très utiles ». Dans sa déclaration de clôture en Alaska, il avait averti l’Ukraine et les pays européens de ne pas se livrer à des « manœuvres en coulisses » susceptibles de compromettre ce qu’il appelle « ces avancées naissantes ».
Camille Camdessus / AFP
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