Sonallah Ibrahim, écrivain rebelle et mémoire de l’Égypte, est décédé
L’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim accorde une interview à son domicile du Caire, le 29 mai 2011. ©Aly HAZZAA / AFP

L’écrivain égyptien Sonallah Ibrahim, figure majeure de la littérature arabe contemporaine, est mort au Caire à 88 ans. Ses œuvres engagées ont marqué des générations par leur regard critique sur la société et la politique.

L'écrivain égyptien et figure de la littérature arabe Sonallah Ibrahim est décédé mercredi à l'âge de 88 ans, des suites d'une maladie, a annoncé le ministère égyptien de la Culture.
«Nous avons perdu une figure littéraire exceptionnelle», a réagi le ministre Ahmed Fouad Hanno, rendant hommage à cet auteur qui «laisse derrière lui un patrimoine littéraire et humain intemporel».

Né au Caire en 1937, Sonallah Ibrahim s'est imposé comme l'un des écrivains les plus critiques du monde arabe postcolonial.
Sa plume s'est dressée contre la répression, les soubresauts politiques, le néolibéralisme et l'hégémonie occidentale, notamment dans son pays natal.
Son style épuré, presque documentaire, a franchi les frontières: nombre de ses romans ont été traduits en anglais et en français.

Son œuvre la plus célèbre, Zaat (1992), brosse le portrait de l’Égypte contemporaine - de la chute de la monarchie en 1952 aux années néolibérales sous le président Hosni Moubarak - à travers le regard ordinaire d’une femme de la classe moyenne.
Adapté à l’écran en 2013, le livre a trouvé un écho particulier auprès de la jeunesse égyptienne marquée par le Printemps arabe en 2011, qui a évincé M. Moubarak.

Frondeur de longue date, Sonallah Ibrahim a connu l’emprisonnement en raison de ses convictions de gauche sous le régime de Gamal Abdel Nasser - cinq années de détention qui nourriront son premier roman, Cette odeur-là (1966), longtemps interdit.
En 2003, il refuse un prestigieux prix littéraire offert par le gouvernement Moubarak, dénonçant un pouvoir qui, selon lui, «opprime son peuple, entretient la corruption et tolère la présence d’un ambassadeur israélien alors qu’Israël tue et viole», en référence aux abus présumés commis dans les Territoires palestiniens pendant la deuxième intifada (soulèvement en arabe).

Parmi ses écrits les plus marquants figurent également Le Comité (1981), satire kafkaïenne de la bureaucratie et de la surveillance, et Le Petit Voyeur (2007), récit semi-autobiographique de son enfance durant la Seconde Guerre mondiale.

Avec AFP

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