
Les ministres turc et syrien des Affaires étrangères, Hakan Fidan et Assaad al-Chaibani, ont mis conjointement en garde Israël contre la tentation du chaos en Syrie, mercredi à Ankara.
«Certains sont perturbés par l'évolution positive de la situation en Syrie» a estimé M. Fidan lors d'une conférence de presse commune avec son homologue syrien, mentionnant Israël mais aussi les combattants kurdes du YPG, les Unités de protection du peuple kurde.
Le chef de la diplomatie turque, proche des nouvelles autorités syriennes arrivées au pouvoir en décembre, a mentionné les deux crises et massacres récents qui ont ébranlé la Syrie et visé la minorité alaouite à Lattaquié (ouest), en mars, et la communauté druze à Soueida (sud), au début de l'été.
«Les événements qui ont commencé à Lattaquié, les mouvements qui ont suivi à Soueida et le rôle perturbateur des YPG, qui ne s'intègrent pas dans le système, démontrent qu'il sera extrêmement difficile pour ce chapitre positif de la Syrie de se poursuivre comme l'on souhaite», a prévenu le ministre turc.
«Notre devoir est de prendre les mesures qui s'imposent et de collaborer, en nous efforçant de résoudre ces problèmes de la manière la plus pacifique possible», a-t-il ajouté.
«L'émergence du chaos en Syrie (...) semble être devenu un paramètre prioritaire pour ce qu'Israël considère comme sa sécurité nationale», a-t-il insisté.
Le ministre syrien s'est inquiété «de nouveaux défis, tout aussi dangereux que ceux rencontrés pendant les années de guerre, au premier rang desquels figurent les menaces israéliennes répétées».
M. al-Chaibani a également alerté, sans les détailler, sur «de multiples interventions étrangères, directes et indirectes, visant à affaiblir l'État et à créer de fragiles divisions de facto»: «Ces interventions poussent le pays vers des conflits confessionnels et régionaux», a-t-il prévenu.
L'ancien pouvoir de Bachar al-Assad, défait en décembre, était notamment soutenu par la Russie et l'Iran.
Hakan Fidan s'en est également pris spécifiquement aux combattants kurdes du YPG, «Unités de protection du peuple» qu'Ankara considère comme une extension dans le nord-est de la Syrie du PKK, le Parti des Travailleurs du Kurdistan, mouvement armé interdit par Ankara.
Les YPG refusent de se fondre dans l'armée nationale syrienne en dépit d'un accord signé le 10 mars avec Damas.
«Les YPG ne s'intègrent pas dans le système et gâchent le jeu en Syrie», a insisté M. Fidan.
«Des membres de l'organisation originaires de Turquie, d'Irak, d'Iran et d'Europe n'ont pas quitté la Syrie (...) Nous n'avons constaté en Syrie aucune évolution indiquant que l'organisation a éliminé la menace d'une action armée».
«La Turquie ne cherche ni l'occupation ni la domination de la région. Mais dans un contexte où ses exigences sécuritaires restent insatisfaites, nous n'avons aucune chance de rester tranquilles. Nous le disons ouvertement», a-t-il mis en garde.
AFP
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