
La prix Nobel de la paix iranienne Narges Mohammadi a déploré mercredi que la «tentation» pour les pays de se doter de l'arme nucléaire soit de plus en plus forte, 80 ans après le largage de la bombe atomique sur Hiroshima.
«Dans un monde où des gouvernements autoritaires cherchent à se doter de l'arme nucléaire pour assurer leur survie, où les invasions d'un pays par un autre deviennent monnaie courante, et où des institutions internationales comme les Nations Unies perdent progressivement de leur influence, la tentation pour les pays de se doter de l'arme nucléaire devient de plus en plus forte», a regretté la militante pour les droits des femmes, qui s'exprimait par lien vidéo depuis l'Iran lors d'une conférence organisée par le comité Nobel à Oslo, en Norvège.
Mme Mohammadi est en liberté provisoire depuis décembre pour raisons médicales, et a depuis été la cible de menaces visant à la réduire au silence, selon le comité.
Cette prise de parole s'est tenue alors qu'une centaine de pays s'étaient réunis à Hiroshima, au Japon, pour observer une minute de silence à l'heure exacte du largage de la bombe atomique sur la ville il y a 80 ans, qui a tué 140.000 personnes.
«Certains estiment que le niveau de conflit et de tension a tellement augmenté qu'il est peut-être déjà trop tard (...) pour empêcher une course aux armements nucléaires au Moyen-Orient», a relevé Narges Mohammadi.
«Mais pour résoudre véritablement cette crise, il faut un consensus mondial et une volonté collective de s'attaquer aux racines de ces tensions et de travailler à leur réduction», a-t-elle encore dit.
La lauréate du Nobel de la paix a également déploré que le programme nucléaire iranien n'avait pas amélioré les conditions de vie de la population.
«Aujourd'hui, nous faisons face à de graves pénuries d'électricité et d'eau dans tout le pays. Des régions entières restent paralysées pendant des heures, voire des jours, sans courant ni eau», a-t-elle expliqué. «Et pendant ce temps, le régime détient 400 kilogrammes d'uranium enrichi à 60%, qu'il se sent désormais obligé de dissimuler».
Mme Mohammadi a été récompensée en 2023 pour «son combat contre l'oppression des femmes en Iran et pour la promotion des droits de l'homme et de la liberté pour tous».
Maintes fois condamnée et emprisonnée depuis 25 ans pour son engagement contre le voile obligatoire pour les femmes et contre la peine de mort, Narges Mohammadi a été enfermée pendant une large partie de la dernière décennie dans la prison d'Evin à Téhéran.
AFP
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