Le stablecoin, la cryptomonnaie qui peut devenir utile au quotidien
Grâce au GENIUS Act, signé par Donald Trump, les cryptomonnaies stables comme l'USDC ou l'USDT entrent dans le cadre légal américain. ©Shutterstock

Le stablecoin ne fera pas de millionnaires comme le bitcoin, mais il fait partie des rares cryptomonnaies conçues pour être utiles, du commerce en ligne aux transferts d'argent.

Le cadre réglementaire dont viennent de se doter les États-Unis devrait donner un coup de fouet à ces devises numériques dont la valeur colle à celle d'une monnaie traditionnelle comme le dollar.

Voici les applications les plus évidentes pour les stablecoins, dont les plus populaires sont aujourd'hui l'USDC de Circle et l'USDT de Tether, tous deux adossés au dollar américain.

Entre particuliers 

La majorité de ces opérations entre particuliers est aujourd'hui réalisée via quelques grands acteurs comme Western Union, Ria ou MoneyGram, qui prélèvent des commissions relativement élevées.

Le recours au stablecoin équivaut à une transaction directe entre individus. Il fait baisser les frais en moyenne et permet la réception instantanée des fonds.

Cette devise numérique offre, par ailleurs, une protection "dans des pays où la monnaie locale n'est pas attractive, parce qu'il y a de l'hyperinflation ou qu'elle est contrôlée par le gouvernement", explique Henry Kim, professeur à York University (Canada).

Le GENIUS Act, loi adoptée au Congrès mi-juillet, "va accélérer les paiements transfrontaliers en stablecoins, sachant qu'ils étaient déjà en augmentation", décrit Darrell Duffie, professeur de finance à l'université de Stanford.

Autre finalité, déjà proposée par plusieurs start-ups crypto, le paiement, par une entreprise de travailleurs résidents à l'étranger, qui évite d'avoir à changer de devise et de passer par plusieurs systèmes bancaires.

 Pour les commerçants 

Les "petits" commerçants qui vendent sur internet peuvent bénéficier de l'utilisation du stablecoin pour "améliorer leurs marges et payer moins aux réseaux de cartes", selon Christian Catalini, chercheur au MIT.

Selon la Coalition des paiements pour les commerçants (MPC), les réseaux de paiements ont ponctionné, en 2024, quelque 187 milliards de dollars de commissions sur les achats en carte aux États-Unis.

Régler ses achats en stablecoins contourne l'infrastructure existante et les intermédiaires que sont banques et systèmes de paiements, réduisant sensiblement les coûts de transaction.

 Géants de la distribution 

Les grandes plateformes d'e-commerce. Walmart, Amazon, le Chinois JD.com, voire Expedia, envisagent toutes de créer leur propre stablecoin. C'est un moyen pour eux "d'abaisser leurs frais ou d'étoffer leurs programmes de fidélité", fait valoir Christian Catalini.

Posséder leur propre stablecoin offrirait par ailleurs à ces groupes une extension dans un nouveau secteur, quitte à proposer, par la suite, certains services financiers.

Inciter les particuliers à détenir des stablecoins des géants de la distribution pourrait priver les banques d'une partie de leurs dépôts.

Pour une multinationale, parvenir à populariser son stablecoin auprès de clients du monde entier contribuerait à limiter les effets de change défavorables pour ses comptes.

Reste la question de la sécurité, le système financier traditionnel consacrant chaque années des milliards de dollars à protéger ses clients de la fraude.

"Les régulateurs (bancaires) pourraient aussi voir faiblir leur capacité à lutter contre le blanchiment", avertit Darrell Duffie.

Entre entreprises 

Le stablecoin pourrait aussi bénéficier aux relations commerciales entre entreprises, pour qui il "est susceptible d'avoir des conséquences bien supérieures" à celles observées pour le grand public, estime Henry Kim.

Dans ce cadre, l'universitaire voit aussi les nouveaux agents d'intelligence artificielle (IA) générative, des logiciels à même d'effectuer seuls des séries de tâches, mettre à profit les stablecoins pour des opérations de paiement autonomes.

"Pour les échanges inter-entreprises, nous pouvons faire baisser le coût des paiements de 90% et faire passer le délai d'exécution, aujourd'hui entre deux et quatre jours, à 10 secondes", a affirmé, mi-juin, le président du conglomérat chinois JD.com, Liu Qiandgong.

Par Thomas URBAIN/AFP

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