Peter Brook à la Bibliothèque nationale de France: un siècle de théâtre en héritage
Photo de masques tirés de l'exposition de Peter Brook à la Bibliothèque nationale de France. ©Ici Beyrouth

À l’occasion du centenaire de l’anniversaire de Peter Brook, la Rotonde du musée de la BnF accueille une exposition consacrée au metteur en scène et à son initiative de l’aventure des Bouffes du Nord.

L’exposition hommage à Peter Brook au musée de la Bibliothèque nationale de France divulgue des trésors naissants de spectacles symboliques qui ont traversé les années. On en cite Le Mahâbhârata, La Tempête, La Conférence des oiseaux ou Impressions de Pelléas, compilant masques, marionnettes, costumes, photographies et manuscrits.

Cette exposition reflète aussi les touches d’artistes accompagnateurs, ceux qui ont côtoyé Peter Brook de près, dont l’acteur et metteur en scène japonais Yoshi Oïda, auteur d’essais cruciaux sur le théâtre, présent dès les premières créations de Peter Brook et omniprésent dans son parcours, ainsi que Jean-Guy Lecat, ingénieur scénographe du CICT durant plus de vingt ans. 

Marie-Hélène Estienne, dramaturge et tenace collaboratrice de Peter Brook, a contribué au don des précieuses archives.

Grâce à ces apports, la BnF possède désormais l’un des plus riches fonds Peter Brook au monde, une mémoire vivante d’un théâtre inventif, nomade et profondément humain.

Théâtre légendaire et mythologique, les Bouffes du Nord, que Peter Brook réinvestit en 1974 avec Micheline Rozan, évolue en laboratoire vivant et collectif, alimentant ses recherches sur un théâtre pauvre, sans conventions, bâti sur le concept de l’«espace vide».

En effet, Peter Brook, tout au long de ses voyages, encourageait des représentations dans les pays, les villages qu’il traversait, notamment en Asie. Il s’imprégnait de la culture locale pour ses spectacles et se basait sur le retour et les réactions du public pour donner ses indications pour la représentation ultérieure. «Je peux prendre n’importe quel espace vide et l’appeler une scène. Quelqu’un traverse cet espace vide pendant que quelqu’un d’autre l’observe, et c’est suffisant pour que l’acte théâtral soit amorcé.», écrit-il dans son essai L’Espace vide, publié en 1977. Dans cette œuvre, il réinvente le théâtre, comme base relationnelle brute entre les êtres humains, et le dépouille du moule occidental sculpté au rythme des conventions et des artifices. Il y explore et développe quatre formes de théâtre: bourgeois, sacré, brut et immédiat. C’est cette quatrième catégorie, celle de l’immédiat, qu’il réinvente, dans l’ici et le maintenant théâtral du moment présent.

Peter Brook nous ramène ainsi aux questions essentielles de cette pratique artistique: pourquoi fait-on du théâtre? Pour qui? Il tend ainsi vers cette nécessité intrinsèque à l’être humain, celle d’aller vers l’autre dans une écoute riche de sens et de présence. Cette exposition, dans son minimalisme exhaustif, comporte des lettres écrites à la main, témoignages vivants des collaborateurs de Peter Brook qui reflètent son esprit, celui d’un homme libre, innovateur, ouvert d’esprit, tourné vers les cultures du monde. Fidèle au texte – lui qui a tant de fois porté Shakespeare sur scène –, adepte de divers costumes ou encore promoteur d’un espace vide ouvert sur l’imagination, Peter Brook a toujours gardé l’acteur au centre de ses créations.
L’expo est en cours jusqu’au 5 octobre 2025.

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