La Syrie refuse que les Kurdes conservent leurs armes malgré l’accord d’intégration
Des combattants des forces soutenues par la Turquie sont déployés sur la ligne de front de Buwayhij-Boughaz-Korhoyuk, à la périphérie de Manbij, dans le nord-est de la Syrie, alors qu'ils combattent les Forces démocratiques syriennes (FDS) dirigées par les Kurdes, le 6 septembre 2023 ©(Bakr ALKASEM/AFP)

Une source gouvernementale syrienne a déclaré jeudi qu'elle refusait que les Kurdes, qui contrôlent de vastes territoires dans le nord et l'est du pays, conservent leurs armes, alors qu'une nouvelle session de négociations sur leur intégration dans l'État syrien était prévue, a indiqué un média d'Etat.

Les Kurdes sont en négociations avec les autorités centrales pour l'intégration de leurs institutions civiles et militaires au sein de l'État, y compris les puissantes Forces démocratiques syriennes (FDS, bras armé des Kurdes soutenues par Washington).

"Parler de +refus de remettre les armes+ ou de +volonté de maintenir une force militaire autonome+ est une position totalement inacceptable", a déclaré le responsable, cité par la chaîne officielle Al-Ikhbariya.

Selon lui, elle est "en contradiction avec les principes d'unification de l'armée nationale et avec l'accord conclu en mars dernier entre Ahmad al-Chareh et Mazloum Abdi".

Mazloum Abdi, chef des FDS, et le président par intérim Ahmad Al-Chareh ont conclu en mars un accord visant à intégrer les institutions kurdes dans l'État syrien.

Des sessions de négociation ont régulièrement lieu depuis, mais celles-ci piétinent, les récentes violences dans le sud où les nouvelles autorités ont tenté de mettre au pas les druzes, et les exactions régulières contre la minorité alaouite renforçant les inquiétudes des Kurdes.

Et selon l'agence de presse kurde en Syrie Hawar, la rencontre prévue jeudi à Paris entre les représentants kurdes et une délégation du gouvernement syrien a été reportée.

Lors des violences à Soueida dans le sud, qui ont fait près de 1.400 morts, un haut responsable kurde syrien avait appelé le pouvoir central à "une révision complète et urgente de son approche" à l'égard des minorités.

Damas affiche de son côté une volonté d'unifier le pays à tout prix.

Les propos du responsable gouvernemental interviennent au lendemain d'une interview du porte-parole des FDS, Farhad Shami, au média al-Yaum TV, lors de laquelle il a déclaré que "la remise des armes est une ligne rouge"

"Personne ne se soumettra. Celui qui mise sur la reddition finira par perdre — les événements tragiques l'ont confirmé", avait-t-il ajouté, en référence aux violences intercommunautaires à Soueida.

"Utiliser les événements de Soueida ou du littoral pour justifier un refus de rejoindre le giron de l'État" vise à "manipuler l'opinion publique", a de son côté réagi la source gouvernementale.

"Un véritable dialogue national ne peut se tenir sous la pression des armes ou avec le soutien d'un acteur extérieur", a-t-elle ajouté.

Le chef des FDS s'est entretenu samedi avec l'envoyé spécial des États-Unis en Syrie, Tom Barrack, au sujet des violences communautaires dans le sud, selon l'ambassade américaine en Syrie sur X.

AFP

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