Le chef de l'ONU appelle la tech à montrer l'exemple dans la révolution énergétique
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, s'exprime lors d'une conférence de presse le jour d'une réunion sur l'avenir des pourparlers de paix bloqués concernant l'île divisée de Chypre, aux Nations unies à Genève, le 18 mars 2025. © Pierre Albouy / Pool / AFP

Le secrétaire général de l'ONU a appelé mardi l'industrie de la tech qui porte le développement de l'intelligence artificielle «énergivore» à «montrer la voie» de la transition énergétique, dans un plaidoyer pour les renouvelables cruciales dans la lutte contre le réchauffement.

«Rien ne peut arrêter la transition énergétique», a déclaré Antonio Guterres dans un discours axé sur le rôle capital des énergies propres pour freiner le changement climatique, lors duquel il s'en est une nouvelle fois pris au secteur des énergies fossiles dont les efforts pour empêcher cette révolution sont «voués à l'échec».

Et dans cette transition, «le secteur de la technologie doit montrer la voie», a-t-il plaidé.

«L'intelligence artificielle peut rendre les systèmes énergétiques plus efficaces, plus innovants et plus résilients. Et nous devons en profiter. Mais elle est aussi extrêmement énergivore. Un centre de données IA typique engloutit autant d'électricité que 100.000 foyers», a-t-il précisé. Et cette consommation est encore appelée à augmenter.

Selon un rapport de l'équipe climat du secrétaire général publié en parallèle de son discours mardi, les centres de données, utilisant principalement de l'électricité issue du gaz et des renouvelables, ont consommé en 2024 environ 1,5% de l'électricité mondiale (415 TWh). Mais ce chiffre devrait «plus que doubler d'ici 2030 à environ 945 TWh, ce qui est environ équivalent à la consommation d'électricité annuelle du Japon aujourd'hui».

«Cette situation n'est pas viable – et c’est à nous d'y remédier», a insisté Antonio Guterres.

«Aujourd'hui, je demande à toutes les grandes entreprises technologiques de faire en sorte que tous leurs centres de données fonctionnent aux énergies renouvelables d'ici à 2030.»

1,5°C, «plus que jamais un vœu pieux»

Dans ce plaidoyer pour les renouvelables, le chef de l'ONU a mis en avant non seulement leur importance pour le climat mais aussi le «bon sens économique» de leur déploiement.

Un rapport de l'agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), également publié à cette occasion, estime ainsi qu'en 2024, «les renouvelables sont restées l'option la plus compétitive en termes de coûts», avec plus de 90% des nouvelles installations industrielles en renouvelables permettant de fournir une électricité «moins chère que la moins chère des alternatives basées sur des énergies fossiles».

Mais si les énergies renouvelables, tirées par le photovoltaïque, ont connu une croissance record en 2024 avec 582 gigawatts installés, le développement des infrastructures et le raccordement aux réseaux «ne suivent pas», a noté Antonio Guterres. Et «le bouquet énergétique mondial reste dominé par les combustibles fossiles», principaux responsables du changement climatique.

La transition énergétique «n’est encore ni assez rapide ni assez équitable. Les pays de l'OCDE et la Chine représentent 80% de la capacité de production d’énergie renouvelable installée dans le monde. Le Brésil et l’Inde, près de 10 %. L’Afrique, seulement 1,5 %», a-t-il aussi déploré.

Alors il a appelé les gouvernements qui doivent soumettre d'ici la COP30 en novembre au Brésil leurs nouveaux engagements climat à en faire «le moteur d’une transition énergétique irréversible», en respectant les promesses de «multiplier par deux l'efficacité énergétique et par trois les capacités en énergies renouvelables d'ici à 2030» et de sortir des énergies fossiles.

«Trop souvent, les gouvernements envoient des messages contradictoires: un jour, des objectifs ambitieux en matière d'énergies renouvelables. Le lendemain, de nouvelles subventions aux combustibles fossiles et des mesures qui favorisent leur expansion», a-t-il déploré.

D'une manière plus large, les nouveaux plans doivent être suffisamment ambitieux pour ne pas dépasser la limite de 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère pré-industrielle, objectif idéal de l'Accord de Paris. Une limite qui «devient plus que jamais un vœu pieux», a-t-il mis en garde.

Selon l'ONU, l'année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, couronnant une décennie «extraordinaire de températures record».

 

Par Amélie Bottollier-Depois, AFP

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