
Faudra-t-il bientôt sortir son portefeuille en ligne pour payer… une idée brillante? Quoique suggère son nom un peu loufoque, le TableCoin n’a rien à voir avec un resto new-yorkais branché ni avec une cryptomonnaie de salon. Il s’agit d’un nouveau concept monétaire, promu dans le cadre du très sérieux, mais tout aussi étrange Genius Act. Ici Beyrouth vous explique.
Entre innovation technologique et préservation du rôle humain, Washington vient d’adopter deux textes majeurs: une régulation historique des stablecoins et le très ambitieux Genius Act. Objectif: encadrer les actifs numériques tout en valorisant la contribution intellectuelle face à la montée des machines.
Qu’est-ce que le Genius Act?
Adopté récemment aux États-Unis, le Genius Act (traduisez: la loi des génies) entend récompenser la matière grise humaine à l’ère de l’intelligence artificielle générative. Puisque les machines pondent des thèses, codent des applis et composent des chansons pendant que nous lézardons au soleil, autant s’assurer que les humains ne soient pas évincés de la table des négociations. Sinon, on court droit vers une «dématérialisation de l’intelligence… et du revenu». C’est dans cette logique qu’est née l’idée du Tablecoin. Une monnaie numérique publique, indexée non pas sur l’or ni sur un quelconque bitcoin, mais sur la contribution intellectuelle humaine. Une idée originale: plus vous apportez de la valeur (idées, solutions, débats constructifs), plus vous gagnez de Tablecoins. En somme: des jetons pour ceux qui «ramènent leur science» à la table.
Ce projet s’inscrit dans une logique plus large: préserver les cerveaux dans un monde algorithmique, créer une «démocratie cognitive» où chaque citoyen actif du savoir serait récompensé.
Avantages et défis
L’un des principaux atouts de ce projet, selon les experts, réside dans sa volonté de remettre l’humain au cœur du jeu, à l’heure où l’intelligence artificielle devient omniprésente. Il s’agit de valoriser les professions du savoir (chercheurs, médiateurs, artistes) en reconnaissant leur apport intellectuel unique, difficilement automatisable. Le TableCoin vise également à encourager un débat public de qualité, en s’appuyant sur des «tables de délibération numérique» modérées de manière rigoureuse, où les contributions pertinentes seraient récompensées.
Mais plusieurs défis se posent. D’abord, les experts se demandent comment mesurer objectivement la valeur d’une idée? Le risque d’arbitraire ou de favoritisme est réel, notamment si les profils les plus éloquents monopolisent les récompenses au détriment d’autres voix moins visibles mais tout aussi pertinentes. Par ailleurs, bien que le TableCoin se veuille stable, il reste soumis à des influences politiques ou idéologiques qui pourraient fragiliser sa crédibilité. Enfin, dans un système incitatif, certains pourraient être tentés de manipuler les débats en inondant les plateformes de contributions opportunistes pour récolter un maximum de jetons.
Un pari politique américain
Cette initiative ne vient pas de nulle part: les États-Unis accélèrent sur le front de la régulation des cryptomonnaies. Le Congrès vient de voter le tout premier cadre national pour les stablecoins, ces cryptos adossées à des actifs fiables comme le dollar. Et ce n’est pas un hasard: Trump Media a annoncé détenir déjà près de 2 milliards de dollars en Bitcoin et autres actifs numériques liés, représentant les deux tiers de ses liquidités. En bonus, 300 millions de plus sont déjà misés sur des options. Une stratégie assumée pour sécuriser l’indépendance financière de l’entreprise et contourner les géants de la tech.
Entre stablecoin, Tablecoin, Genius Act et régulation officielle, les États-Unis semblent prêts à monétiser la matière grise autant que les gigaoctets. Vous pensiez que débattre en ligne ne rapportait rien? Détrompez-vous: un trait d’esprit bien pensé pourrait bientôt valoir un café. Payé en crypto, bien sûr.
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