Une compositrice au service du roi Charles III : Errollyn Wallen entre dans l’histoire
Une photographie non datée, diffusée par le bureau d’Errollyn Wallen et transmise à l’AFP le 19 juillet 2025, montre Errollyn Wallen, «Maître de musique du roi»​​​​​​​ , posant au Centre MOP à La Corogne, en Espagne. ©Laura Eguiliz / OFFICE OF ERROLLYN WALLAN / AFP

Compositrice d’origine bélizienne, Errollyn Wallen est devenue en 2023 la première femme noire nommée «Maître de musique du roi» au Royaume-Uni. Figure incontournable de la scène classique britannique, elle conseille aujourd’hui Charles III tout en poursuivant une carrière artistique éclectique, marquée par l’inclusion et l’innovation.

La compositrice Errollyn Wallen est devenue il y a près d'un an la première femme noire nommée conseillère musicale de Charles III, une distinction prestigieuse pour cette artiste prolifique qui a dû faire sa place dans le monde du classique.

La musicienne de 67 ans, née dans l'ancienne colonie britannique du Belize, était «sous le choc» lorsque le palais de Buckingham l'a appelée pour lui proposer le rôle de «Maître de musique du roi», qui consiste à composer pour de grands évènements royaux (mariages, enterrements etc.) et à conseiller le monarque.

«Il est très mélomane», a confié Errollyn Wallen lors d'une interview avec l'AFP, «avec des goûts très éclectiques, ce qui est vraiment merveilleux».

Cette pianiste, qui a écrit 22 opéras et toute une gamme de compositions orchestrales, est la deuxième femme à occuper cette fonction, héritage de la tradition des ménestrels du roi, après l'Écossaise Judith Weir à qui elle a succédé.

Elle continue aussi de travailler sur ses propres projets, et a présenté vendredi sa nouvelle composition, Elements, lors de la première soirée du célèbre festival de musique classique des Proms à Londres.

En mars, Charles III avait dévoilé son amour inattendu pour le reggae et l'afrobeat en partageant une playlist composée de ses chansons préférées d'artistes du Commonwealth, de Grace Jones à Kylie Minogue.

Le monarque avait demandé les conseils d'Errollyn Wallen, «mais au final, le roi a choisi ses propres chansons», des «morceaux qui lui rappellent des souvenirs personnels», assure-t-elle.

«Imaginez tous les gens qu'il a rencontrés, tous les grands musiciens... c'est incroyable» de travailler avec lui, s'est-elle réjouie.

Ambassadrice musicale

Errollyn Wallen a montré très jeune un talent inné pour la musique.

«Mes parents disaient que j'étais un bébé qui ne pleurait pas, mais qui chantait tout le temps», raconte-t-elle.

A l'âge de deux ans, elle a été envoyée à Londres où elle a été élevée par un oncle et une tante.

L'une des rencontres marquantes de sa jeunesse a été celle de Miss Beale, une enseignante de son école primaire, qui a appris à sa classe à écrire et lire la musique, lui faisant découvrir les symphonies.

Mais malgré son enthousiasme et sa prédisposition, Errollyn Wallen n'a guère été encouragée par ses enseignants ou même par sa famille, pourtant mélomane, à poursuivre une carrière de compositrice.

«On me faisait subtilement comprendre que je pouvais être douée en musique, mais que je n'appartiendrais pas à ce monde», se souvient l'artiste, dont le frère, Byron Wallen, est trompettiste de jazz.

«Mais j'étais tellement curieuse et passionnée que je pense que les messages négatifs n'ont pas eu d'impact profond», souligne la compositrice, qui a «emprunté d'autres chemins de création» que ses pairs.

D'abord danseuse à New York, Wallen est revenue au Royaume-Uni pour étudier la composition musicale, au Goldsmiths College et au King's College de Londres puis Cambridge dans les années 1980.

Cette pianiste a également monté un studio d'enregistrement, été choriste pour le groupe féminin de R&B Eternal, et joué dans des centres communautaires et des maisons de retraite, ce qui lui a «ouvert les yeux sur la manière dont la musique peut toucher les gens».

Par ailleurs, elle a composé pour la cérémonie d'ouverture des Jeux paralympiques de Londres en 2012, ou pour les Jubilés d'or et de diamant de la reine Elizabeth II, avant de devenir «Maître de musique».

Elle conçoit ce rôle, créé en 1626 par Charles Ier, comme celui d'une «ambassadrice», en particulier auprès des jeunes qu'elle veut doter d'une «solide éducation musicale», peu importe leur origine ou classe sociale.

La compositrice dit vouloir «obtenir pour eux» ce qu'elle a pu apprendre gratuitement à l'école étant enfant, lui permettant de cultiver sa vocation.

Par Par James PHEBY / AFP

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