Nucléaire: l'Iran accuse les Européens de ne pas avoir respecté l'accord de 2015
L’Iran accepte de nouvelles négociations à Istanbul avec l’E3 après les frappes israélo-américaines. ©Organisation de l'énergie atomique de l'Iran / AFP

L’Iran tient les pays européens pour responsables de l’échec de l’accord de 2015 sur le nucléaire, les accusant lundi de ne pas avoir tenu leurs engagements avant des pourparlers vendredi à Istanbul avec la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Téhéran, plusieurs puissances occidentales, la Chine et la Russie avaient trouvé en 2015 un accord qui prévoyait d’importantes restrictions au programme nucléaire iranien en échange d’une levée progressive des sanctions de l’ONU.

Mais les États-Unis se sont retirés unilatéralement en 2018 de ce texte longuement négocié et ont réimposé leurs sanctions lors du premier mandat de Donald Trump.

Paris, Londres et Berlin avaient assuré leur attachement à l’accord disant vouloir poursuivre les échanges commerciaux avec l’Iran. Les sanctions onusiennes et européennes n’ont ainsi pas été rétablies.

Mais le dispositif envisagé par les pays européens pour compenser le retour des sanctions américaines a peiné à se concrétiser et nombre d’entreprises occidentales ont été contraintes de quitter l’Iran, confronté à une forte inflation et une crise économique.

« Les parties européennes ont été fautives et négligentes dans la mise en œuvre » de l’accord sur le nucléaire, a déclaré le porte-parole de la diplomatie, Esmaïl Baghaï.

Ces propos interviennent avant une rencontre vendredi à Istanbul entre l’Iran et des représentants de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne pour évoquer le nucléaire iranien.

Ces trois pays européens accusent Téhéran de ne pas avoir respecté ses engagements sur le nucléaire et menacent de rétablir des sanctions en vertu d’une clause prévue par l’accord, ce que l’Iran cherche à éviter à tout prix.

 « Injustifiable » 

Selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), l’Iran est l’unique pays non doté de l’arme nucléaire à enrichir de l’uranium à un niveau élevé (60 %), bien au-delà de la limite de 3,67 % fixée par l’accord de 2015.

Pour fabriquer une bombe, l’enrichissement doit être poussé jusqu’à 90 %, d’après l’AIEA.

Recourir à ce mécanisme « est dénué de sens, injustifiable et immoral », a estimé Esmaïl Baghaï lors d’une conférence de presse hebdomadaire, arguant que l’Iran avait pris ses distances avec l’accord en représailles aux manquements des Occidentaux.

« La réduction des engagements de l’Iran a été effectuée conformément aux dispositions » prévues par le texte, a assuré le porte-parole de la diplomatie iranienne.

Les pays occidentaux, États-Unis en tête, et Israël, ennemi juré de la République islamique, soupçonnent de longue date l’Iran de vouloir se doter de la bombe atomique.

Téhéran se défend vigoureusement d’avoir de telles ambitions militaires mais insiste sur son droit au nucléaire pour des besoins civils, notamment pour l’énergie.

L’Iran et les États-Unis avaient tenu depuis avril cinq cycles de discussions sur le nucléaire, avant l’attaque surprise lancée par Israël le 13 juin contre l’Iran, qui a déclenché une guerre de 12 jours.

Des représentants iraniens et américains devaient se rencontrer le 15 juin, mais les discussions ont été annulées en raison de la guerre.

« À ce stade, nous n’avons aucune intention de parler à l’Amérique », a déclaré lundi Esmaïl Baghaï.

Avec AFP

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